Black Mama White Mama est un film datant de 1973, fruit d'une coproduction entre les USA et les Philippines. Le film appartient un peu à deux sous genre en très vogue dans les seventies avec d'un côté la Blaxploitation et de l'autre le film de femmes en prisons (W.I.P.). Le film tourné aux philippines dans de magnifiques décors naturels est réalisé par le local Eddie Romero et l'on retrouve parmi les scénaristes un certain Jonathan Demme.
Black Mama White Mama c'est l'histoire de Lee une prostituée noire et Karen une révolutionnaire blanche aux cheveux blonds. Les deux femmes se retrouvent en prison ou elles deviennent rivales au point d'être transportées pour un quartier de haute sécurité après une bagarre. Lors du transfert le convoi sera pris pour cible par les révolutionnaires alliés de Karen, permettant aux deux jeunes femmes de s'enfuir ensemble. Problème pour les deux rivales devenues complices forcées d'évasion, une lourde chaîne et des bracelets les retiennent solidement reliées entre elles.
Si les vingt premières minutes du film laisse entrevoir un énième et bien trop classique film de femmes en prison avec toute la panoplie inhérente à ce genre de production (douche collective, matonne sadique, rivalité entre détenue …) le film va vraiment trouver son rythme de croisière et sa singularité après l'évasion des deux héroïnes. Cette première partie comporte tout de même quelques bonnes idées un poil sadique comme la punition consistant à enfermer des détenues dans une sorte de placard métallique en plein soleil. Si Black Mama White Mama est aussi agréable à regarder c'est en grande partie car son duo d'actrices fonctionne parfaitement avec d'un côté la sculpturale Pam Grier et de l'autre l'ange blond Margaret Markov. On prend un véritable plaisir à suivre ses deux héroïnes badass en cavale entre crêpage de chignons, solidarité face à l'adversité, coups tordus et finalement une véritable complicité qui ne dira jamais vraiment son nom. Autour des péripéties de cette évasion vont venir se greffer de nombreux événements et rebondissements permettant de maintenir un intérêt constant. Nos belles évadées se retrouvent recherchées à la fois par la police, les hommes armés de l'ex souteneur de Lee (Pam Grier), les camarades révolutionnaires de Karen et une bande de desperados façon western engagés pour liquider les deux donzelles. Forcément lorsque tout ce petit monde se croise ça défouraille sec lors de séquences de combats armés globalement assez efficaces. Black Mama White Mama réussit un équilibre assez parfait entre un érotisme gratuit mais pas trop putassier à part peut être pour les jeunes femmes philippiennes toutes montrées comme des simples objets de plaisir, de l'action, quelques digressions de comédie, des aventures exotiques et un petite touche de thriller. Le film regorge d'idées et de situations amusantes nous permettant entre autres de savoir comment se débarrasser de chiens renifleurs.
Au casting en plus des deux comédiennes déjà citées on retrouve quelques bonnes trognes du cinéma bis à commencer par Sid Haig qui incarne ici un cow-boy desperado au look plus proche de Borat que du charisme d'un John wayne. L'acteur cabotine et s'amuse visiblement beaucoup de son rôle de chasseur de primes. On retrouve aussi le comédien philippien Vic Diaz présent dans un nombre incalculable de films tournés dans son pays . Avec 163 films au compteur vous avez sans doute déjà croisé sa moustache au détour d'un film de mauvais genre. Il incarne ici Vic Cheng un malfaiteur, trafiquant et tenancier de bordel a qui Lee a volé de l'argent.
Black Mama White Mama est une très bonne série B dont visiblement Tarantino tirera quelques références pour Kill Bill avec le personnage de Black Mamba et l'utilisation d'une des musiques de la bande originale. Si quentin approuve, moi aussi !