Inspirée par la tyrannie des likes et le quotient social à la chinoise, un épisode plutôt bien vu sur cette névrose contemporaine de l'approbation virtuelle. Une trentenaire complètement accro à une version un peu plus totalitaire du téléphone portable, dans un futur proche, mendie désespérément les points auprès de tous ceux qu'elle fréquente, ou simplement croise, dans le but de pouvoir accéder à un logement d'un standing supérieur à l'appartement plutôt chouette qu'elle partage avec son frère, plutôt sympa. Une manière de brocarder l'avidité maladive d'une génération réduite en esclavage par son voyeurisme et par son exhibitionnisme conjugués. Il va sans dire que ce menu travers n'a rien de véniel et finit par se retourner contre l'héroïne, comme le titre l'indique; il ne reste qu'à suivre sa dégringolade pathétique (jusqu'à un dénouement jubilatoire). On sait qu'elle est cuite (même si on peine à trembler pour elle car les menaces qui planent sur elle sont essentiellement imaginaires), mais son histoire ouvre le débat sur le rôle des réseaux sociaux et de cette daube de sacro-sainte "com'" actuelle, qui contraint votre concessionnaire automobile à vous laisser trois messages différents pour non seulement vous inciter lourdement à bien noter votre garage en ligne, mais encore vous dicter carrément les cases à cocher pour qu'il n'encoure pas les foudres de services clients devenus totalitaires... Quand on a vécu autrement avant, on le sait, qu'on marche sur la tête, et ça fait plaisir de voir un réalisateur dégommer de bon cœur ces âneries artificielles autant que dangereuses qui sabotent complètement les relations humaines. Bref, c'était mon premier épisode de Black Mirror, et ça me rappelle la Quatrième Dimension dans la façon que ça a de tirer sur une ficelle jusqu'à faire dégringoler une pelote de la taille d'un building. Bien, donc, je vais poursuivre mon exploration... D'autant que la réalisation et l'interprétation sont de bonne qualité, ce qui ne gâche rien en matière de dystopie.