Black Saveur
Au cinéma comme ailleurs, la seule langue universelle, c’est l’action. En japonais, incommunicabilité se dit "mokusatsu".Film plutôt médiocre où un Noir américain, déserteur de la MP, est caché à...
le 23 oct. 2023
Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
Sous ses airs de simple buddy movie, Black Sun prend place dans un Japon se relevant à peine de ses ruines, meurtri par la WWII et encore marqué par les reliquats de l'occupation militaire américaine. L'indépendance retrouvée n'a pas enrayé la propagation de la culture occidentale et Akira, aficionado du jazz afro-américain, en constitue le parfait exemple. Il ne faut d'ailleurs pas attendre plus de 3 min avant d'entendre les premières notes jazzy qui vont forger toute l'âme du film. Du Toshiro Mayuzumi joué par du Max Roach.
Blessé et poursuivi par l'armée US suite au meurtre accidentel d'un blanc, Gil va se réfugier dans le squat d'Akira, une église. La barrière linguistique empêche toute communication entre les deux hommes et musique va alors prendre naturellement le relais, restituant bien tous les méandres de leur relation chaotique. Tout se joue et se dénoue.
Kurakara semble porté par des élans anthropologiques en explorant le racisme et la xénophobie par un biais indirect. Comme si l'hégémonie culturelle s'accompagnait nécessairement des tares de la société dominante. Une idée intéressante qui traverse tout le film, non sans une certaine maladresse. En un sens ça me rappelle la démarche d'un Dressé pour tuer qui parvenait également à prendre un détour bien senti pour évoquer la gravité du sujet tout en échappant à l'habituelle et inefficace oppression du spectateur.
S'en suivent des scènes d'une extrême tension, mais dont volatilité du ton, prenant même parfois des airs de comédies, alimente une confusion ambiante. Le mutisme du soldat n'est pas que celui de la parole. C'est un symbole qui prend chair. Celui d'un Homme aspirant s'échapper d'un univers qui lui est mi-hostile, mi-indifférent. Celui qui trouve pour seul refuge sa foi. Dommage que le jeu de Chico Roland, son interprète, soit si limité.
Les intentions de Kurukara sont nobles, mais sont vite rattrapées par sa vision presque biaisée. Grand paradoxe du film : chasser des stéréotypes en les remplaçant par d'autres, et ceci avec une lourde insistance. En témoignent les multiples plans sur les symboles religieux, présents uniquement pour souligner l'ambivalence du décorum culturel.
Pour autant, ces fausses notes sont loin de gâcher le tableau d'ensemble. C'est un film dont la qualité se relève progressivement, touche par touche. Jusqu'à parvenir au paroxysme de la traque et nous offrir une scène extraordinaire qui assure à l'oeuvre une empreinte durable.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus sur FilmStruck (Criterion SVOD)
Créée
le 20 juil. 2017
Critique lue 177 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Black Sun
Au cinéma comme ailleurs, la seule langue universelle, c’est l’action. En japonais, incommunicabilité se dit "mokusatsu".Film plutôt médiocre où un Noir américain, déserteur de la MP, est caché à...
le 23 oct. 2023
Pour ceux qui aiment le jazz. Portrait d'un mauvais garçon, qui se la joue cool, résidant dans un squat, fou de musique, au point d'appeler son chien Monk. Le jour où il tombe nez à nez avec un grand...
le 1 août 2019
Du même critique
À peine sortie et déjà enterrée par la critique, Marseille a déjà fait couler beaucoup d'encre. "Navet", "nanar", "accident industriel", "bouse", "naufrage",... toutes les joyeusetés ont été de...
Par
le 5 mai 2016
26 j'aime
5
2016, année blafarde du côté des grosses productions pop-corn. 2016, année riche en tentatives pitoyables de damage control. Entre les dénonciations de complots journalo-maçonniques, les insultes et...
Par
le 5 août 2016
25 j'aime
7
Ben voilà ? Enfin ? Est-ce qu'on va pouvoir dire que les Coréens ont mis Hollywood en Position Latérale de Sécurité ? Presque. Le film est plutôt bon, mais il y a toute même quelques parts d'ombre au...
Par
le 18 août 2016
21 j'aime
5