Après l'extra-ordinaire Last Caress assez compliqué à trouver en dvd, j'ai enfin pu découvrir le premier essai de François Gaillar et Christophe Robin dans une bomme édition dvd : Blackaria. Un petit giallo certes moins réussi que Last Caress (on sent vraiment le truc bricolé entre fans de genre), toujours prompt à nous envoyer de l'érotisme ou du gore à base de sang. Blackaria, film à trip et encore plus fou que Last Caress, c'est une truculence qui s'apprécie à toute heure de la journée.
Autant dire que le pitch, énigmatique au possible, fait tout pour flatter le fan dans le sens du poil, en empruntant des pans entiers de giallo de divers auteurs reconnus (la scène de l'ascenseur qui vire d'un coup sur le gore avec l'intervention d'un tueur au visage voilé, portant un manteau de cuir et un rasoir). Mais Blackaria a une telle volonté d'exploitation qu'il ne se freine pas sur l'érotisme, dévêtissant régulièrement ses actrices pour mieux filmer leur plastique, sous des angles parfois un peu trop racoleurs, mais nous prendrons cela pour de la générosité. Toujours est-il que le script fourmille d'idées, pas toujours pertinentes (mais qu'est-ce qui leur a pris de rendre leur commissaire accro aux sucettes ?), mais qui donnent un air de jamais vu à cette modeste production, dotée bel et bien d'un budget fauché et d'une mise en scène inégale. Clairement, les longues scènes de dialogues sont secondaires, les réalisateurs prenant leur pied à filmer leur histoire sous des angles étranges, cherchant à capter des lumières de différentes couleurs pour renforcer une esthétique elle aussi inégale, mais qui existe tout au long du film, trouvant même une certaine grâce au détour d'un réverbère.
En termes de meurtres, le script nous en offrira 6, d'intensité certes variable, mais qui auront le mérite de bénéficier chacun d'une ambiance particulière (de quoi oublier les jeux parfois médiocres des acteurs). Bref, c'est du Z à la française avec une bonne dose de fétichisme qui fait passer la pilule d'une façon inattendue, parvenant à retenir notre attention avec toutes les bizarreries qu'il se propose de mettre en scène (le coup du verre prédicateur d'avenir dont on fait des lunettes, c'était en effet une excellente idée, mais utilisée avec une rigueur très laxiste (la durée des prédictions est variable, on a même des prédictions faites dans le passé...). On n'est pas dans un film fantastique, certes, mais un petit peu de rigueur m'aurais fait plaisir. Mais qu'importe, le final est à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre d'un tel objet, l'un des rares à nous offrir une femme en actrice principale qui se conduit comme une garce en fin de film. A défaut de faire preuve d'un énorme talent, le duo de réalisateur nous offre une oeuvre honnête dans ses intentions et pour le coup plutôt inspirée. Si je préfère toujours Last Caress, ce Blackaria est une petite bisserie sympathique qui a lutté contre vents et marées pour exister. Ne casse pas des briques, mais reste attachant.