Cliff Starkey (Paul Kaye) est le typique lad britannique : il vit de petits boulots, taquine la bouteille et passe le plus clair de son temps à zoner avec son pote Trevor (Johnny Vegas). Originaire des bas-fonds de Torquay, cité balnéaire cossue du sud de l'Angleterre, il excelle pourtant dans un domaine bien particulier : la boule anglaise... Mais, tel le John McEnroe du boulingrin, son style punk anti-académique le tient à l'écart du très select et conservateur club local, dont son grand-père est membre.
Un beau jour, alors qu'il caresse depuis des années le rêve d'exercer son talent pour le compte de l'équipe nationale anglaise, il apprend la venue prochaine dans son pays de Carl et Mark Doohan, les imbattables frères australiens. Aiguillonné par la possibilité de dominer le duo, il s'inscrit malgré ses réticences de principe au championnat local. Après avoir écrasé un à un ses adversaires, il domine en finale le rigide Ray Speight (James Cromwell), mettant fin à 23 années d'invincibilité de ce dernier ! Hélas, Starkey se retrouve vite victime de son tempérament excessif : ayant eu le malheur d'écrire « Ray Speight est un branleur » sur sa carte de score, il est disqualifié par le comité, et écope, à la discrétion de son nouvel ennemi juré, d'une suspension de 15 ans... Et même si Speight fait justement remarquer que « 15 ans, ce n'est que le sixième de la carrière d'un joueur de boules », Starkey voit donc s'envoler son rêve de jouer pour l'Angleterre.
Au plus profond de sa déprime, il est alors repéré, on se sait trop comment, par Rick Schwartz (Vince Vaughn), un agent sportif aux dents longues. Re-brandé le Bad Boy of Bowls, Starkey devient rapidement une vedette en disputant des matchs d'exhibition judicieusement et juteusement commercialisés. Argent et renommée s'accompagnent d'une histoire d'amour naissante avec la charmante Kerry, la propre fille de Ray Speight !
Détourné des vraies valeurs par les sirènes de la célébrité, Starkey court inévitablement à sa perte. La chute se produit en trois actes : son grand-père est victime d'un accident, il se fâche avec son agent, et Kerry le quitte. Dans le même temps, Speight est mis sur la touche par son club, se brouille avec sa fille, et traverse lui aussi sa petite crise. Il faudra une intervention du conseil suprême de la boule anglaise pour réunir, contre leur gré, les deux hommes dans la même équipe, celle qui affrontera les diaboliques Australiens.
Le film se conclut, évidemment, par la rencontre tant attendue... D'abord dépassés, incapables de surmonter leur animosité, Starkey et Speight finissent par revenir dans le match dès lors qu'ils se mettent à jouer en équipe. Au terme d'un duel épique, la fierté de l'Angleterre est restaurée ! God Save the Queen!
Blackball, film inspiré de faits réels (véridique !), se regarde sans déplaisir, comme toute bonne comédie anglaise et toute bonne comédie de sport. Malgré une intrigue on ne peut plus classique (ascension, chute, ascension) les acteurs, hollywoodiens ou anglais, font bien le boulot. Les gags et l'incongruité du sujet (la boule anglaise, tout de même...) fonctionnent sans problèmes. Le film de Mel Smith reste cependant un cran en-dessous des meilleures comédies américaines du même genre (Dodgeball, Les Rois du patin, Ricky Bobby, Semi-Pro, etc.). Mais, pour un film de boules, voilà enfin un scénario qui tient la route !