Documentaire à charge de ces prisons aquatiques

Le 25 février 2010, un appel arrive en direction des urgences en provenance de SeaWorld Orlando et un autre à la police. Quelques bribes de conversations sont ressorties. Une orque a entrainé sa dresseuse et l'a noyé avant de la dévorer en partie. Cette orque, c'est Tilikum et la dresseuse, une femme expérimentée, Dawn Brancheau, 40 ans.

A partir de ce sanglant fait divers, Gabriela Cowperthwaite s'attaque avant toute chose à la condition de vie des orques dans les bassins de parcs aquatiques. Elle se penche également sur les dresseurs et enfin relate le nombre d'accidents qui ont impliqué des orques vis-à-vis des humains au cours de ces quelques dernières années.

Tilikum n'est pas n'importe quelle orque. C'est un mâle âgé d'environ 30 ans au moment des faits qui a été capturé alors qu'il avait à peine quatre au large de l'Islande pour être envoyé dans un parc aquatique au Canada. Déjà à cette époque, il s'était fait remarqué en noyant une nageuse professionnelle qui partageait son sport avec la passion pour le dressage de cétacé.

Cette orque tueuse a donc malgré tout continué les spectacles et à être approchée par les dresseurs à Orlando, après son transfert. Mais Sea World s'était bien gardé de prévenir ses employés de la dangerosité du cétacé.

Les conditions de vie pour ces animaux sont franchement épouvantables. Alors qu'ils peuvent nager dans de vastes océans, ils se retrouvent enfermés dans des bassins qui peuvent nous paraitre gigantesques pour nous les êtres humains mais qui sont affreusement exigus pour des bêtes de cette taille. Pour calmer les animaux, on n'hésite pas à les enfermer dans de minuscules caissons de six mètres sur six, sans lumière pour qu'ils restent dociles. Leur nourriture est donnée en fonction des performances qu'ils réalisent avec leur dresseur. S'ils ne sont pas bon, ils ne sont pas toujours nourris. Sans oublier la séparation des jeunes de leurs parents alors que les orques vivent en famille dans la nature.

A partir de ces différents cas, on constate que la réalisatrice va s'attaquer aussi à la psychologie et à l'intelligence de ces animaux. Il y a un point extrêmement important à souligner, c'est qu'il n'existe pas de cas connus (du moins à ma connaissance) d'attaques d'orques vis-à-vis d'humains dans la nature. Pourquoi ces animaux le font-ils dès lors dans les parcs ? Ils font partie des espèces animales les plus intelligentes qu'il puisse exister sur terre et une seule séquence vient prouver ce que Cowperthwaite veut démontrer: un phoque a trouvé refuge sur un gros bloc de glace en dérive. Impossible pour les orques de grimper dessus. Qu'importe, les animaux se mettent à trois de front et décident de créer par leur masse imposante des énormes vagues qui viennent à secouer la glace jusqu'à ce que le phoque en tombe... Remarquable de perspicacité et d'intelligence. Ces animaux qui vivent en famille semblent également dotés d'une certaine conscience. Un chasseur d'orque, chargé de capturer les jeunes, se rappellent que les parents assistaient aux scènes de capture, et criaient après leur jeune. Dans les parcs, les orques semblaient, selon les dresseurs, pleurer car ils émettaient un bruit qu'ils ne faisaient jamais, uniquement lorsque la mère était séparée de son petit. Toujours est-il que le cas de ces attaques sembleraient être analysées comme une frustration évacuée d'être enfermé dans ce qui s'apparente à une prison ou à de la colère face à certaines décisions de leurs dresseurs.

Les dresseurs, tous des anciens de SeaWorld ou de SeaLife, ne remettent jamais en question la nature de la relation qu'ils ont pu créer avec ces bêtes grâce à ce métier. Ils ne remettent pas non plus en question le plaisir qu'ils y ont pris. Mais après les différents incidents, et notamment la mort de Dawn Brancheau, ils se rendent compte que la place de ces bêtes n'est pas dans des aquariums. Ils sont également dégoûtés de l'attitude adoptée par les patrons de SeaWorld. En effet, ceux-ci ont mis la mort de Dawn Brancheau sur sa faute. La dresseuse aurait excité l'animal et sa queue de cheval, normalement interdite, a permis à l'animal de l'attraper... Sur les derniers instants filmés de la jeune femme peu avant l'attaque, on voit furtivement l'orque s'approcher de son bras pour la mordre et la prendre sous l'eau par la suite. On ne voit évidemment pas la mort de la jeune femme. D'autres attaques, qui heureusement se finissent bien pour les dresseurs, malgré les blessures, sont montrées.

En bon esprit critique, on pouvait se demander pourquoi la réalisatrice n'interrogeait pas des responsables de SeaWorld. La réponse est simple, aucun n'a souhaité être interviewé, malgré plusieurs demandes.

Un documentaire important, à charge de ces parcs aquatiques, de ces cirques d'eaux, aux allures finalement barbare qui est un ode à la liberté pour ces animaux marins, véritables bijoux de la nature.
batman1985
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le 24 déc. 2013

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