Le Grand Prix du 71è Festival de Cannes, une récompense méritée ?

Ce film, basé sur l'histoire vraie de Ron Stallworth, un jeune policier afro-américain, qui est parvenu à infiltrer le Ku Klux Klan, est d'une grande justesse. Il offre une expérience immersive dans l’Amérique raciste des années 70, Le film ne tombe pas dans un manichéisme facile, en effet, bien qu’il critique ouvertement les suprémacistes blancs, il est met également en garde contre le travers opposé : les activistes radicaux du Black Power. Les nombreux personnages du film proposent un panel d’opinions nuancées entre ces deux extrêmes.
Les personnages portés à l’écran par Spike Lee sont tantôt drôles, tantôt touchants. Les acteurs sont tous très bons et très convaincants. Avec néanmoins une légère réserve quant à la performance de l’acteur principal : John David Washington. Cela est notamment dû à son histoire d’amour peu réaliste avec la présidente d’une association d’étudiants afro-américains. En effet, les deux protagonistes de cette romance semblent avoir des opinions inconciliables. L’intégralité de leur histoire sonne faux et cela dessert le film.
Spike Lee a su traiter avec une grande pudeur, ce sujet très grave qu’est la ségrégation. Le réalisateur engagé dresse un parallèle très clair entre les conflits raciaux des années 70 et l’histoire récente des États-Unis. Il prête au personnage de David Duke, leader du Ku Klux Klan, des propos tenus par le candidat Trump lors de la campagne présidentielle.
Spike Lee, que l’on connaît pour ses opinions tranchées, surprend ici par la subtilité avec laquelle il traite ce récit. Malheureusement, il ne fait pas preuve de cette retenue jusqu’au bout : à la fin du récit, il ajoute au film 2 minutes d’images réelles datant de fin 2016. Des images certes importantes, mais peu pertinentes dans le cadre de ce film. Pourquoi le réalisateur a-t-il ressenti le besoin d’expliciter son message aussi frontalement ? Cette démarche paternaliste semble avoir pour but d’indiquer au spectateur ce qu’il doit penser du film. Elle apparaît comme grossière, et en opposition totale avec la subtilité du reste du récit.
Il n’en demeure pas moins que le film est excellent, porté par des personnages attachants aux enjeux prenants et par le style de réalisation très personnel de Spike Lee.
SophieGrosclaude
7

Créée

le 5 juil. 2018

Critique lue 541 fois

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