Quelle classe! Réussir un buddy movie mélancolique à l'humour grinçant tout en étant très tendu et revanchard, en élargissant son sujet tout en ne l'oubliant pas à aucun moment, et surtout basé sur une histoire vraie tout en évitant tous les écueils du biopic, alors là chapeau Spike Lee.
BlacKKKlansman est une oeuvre classique, intime, cohérente avec tous les thèmes que le cinéaste à pu aborder dans ces précédents longs métrages et surtout qui sort au bon moment pour les States.
Même si le film est très démonstratif, parfois avec des effets de mise en scène très appuyés, il ne sombre jamais dans le ridicule ou le mauvais pamphlet car tout est en accord avec l’état d'esprit des persos, le cadre des 70's, l'ambiance, la ségrégation raciale qui régnait.
On suit le parcours de Ron Sallworth, flic black ayant envie de faire bouger les choses et ce dans son travail aux services renseignements de la police. Il décide d'infiltrer le Klu Klu Klan. En prenant contact avec eux il travaille avec son collègue Flip Zimmerman pour faire tomber le réseau.
En partant de cette intrigue classique de flic infiltré, le film démarre tel un buddy movie à la cool, tout en étant soutenue par les faits de violence contre la communauté afro américaine. Porté par une musique magnifique de Terence Blanchard, on est dans un Miami Vice 70's pour le style, voir l'Arme Fatale 1 pour le ton de l'humour, très à froid et surtout toujours bien amené et déconstruit par ce qui se passe. Au fur et à mesure, l'intrigue se poursuit tout en prenant en compte, le cadre d'époque, la culture, les associations étudiantes qui se bougeait le cul pour leur droit, les actions des blackpanthers, la blaxpoitation au ciné, le réseau du Klu Klux Klan, le racisme chez la police, la politique, tout est bien amené et cohérent, arrivant à des moments précis non pas pour complexifier le film mais pour élargir son sujet et aller vers une vision globale de l'histoire américaine. Le buddy movie se transforme alors en film social d'une puissance salvatrice au cours d'une séquence en montage parallèle et continueras tel quel jusqu’à un double final ou la catharsis, l'humour, la réalité et le drame ne font plus qu'un. Ne pas oublier ce qu'il est passé, ces années de violence et racisme qui continue encore dans certaines régions, ce qui nous est rappelé à charge avec une force dans un final dantesque:
Le lien avec les violences d'aujourd'hui, ce qui arrivé dans certaines université et les paroles débiles et racistes de Trump pour preuve lors d'une allocution.
Aussi une magnifique image de fin avec le drapeau américain flamboyant et qui au fur et à mesure repasse au noir et blanc. Juste Parfait.
Il y'as une scène auquel je repensais après la vision du film. A un moment un des sergents travaillant avec Ron lui explique comment un gars comme le patron du Klu Klux Klan pourrait devenir président des Etats-Unis. Ron se marre un peu mais le sergent reste très 1er degré. Au vu du final lorsqu'on voit Trump et le patron du Klu Klux Klan donné encore des allocutions à certains groupes... Je ne me souviens pas exactement du discours que lui tient le sergent mais je me suis dit mais ouais voilà comment ça peut arriver et merde ****
Aussi je ne m'attendais pas à tous le discours contre Naissance d'une Nation de Griffith et je me suis souvenu que Spike Lee à toujours militer contre ce film qui est raciste et l'allusion à Autant en emporte le vent est aussi bien agencer dans le film.
Je me marrais bien avec certaines paroles ou certains gags du film et je le trouvais badass par moment mais au final j'avais vraiment mal au cul. On en arrive toujours au même point, le racisme existe toujours bien que les choses ont changés, on se bouge mais on est sclérosé par nos structures, on ne peut que transmettre l'histoire, la faire entendre. C'est comme cela que je l'ai ressentie. Dans la façon dont le lien est fait entre les années 70's et aujourd'hui. Il n’as pas eu d'étonnement de ma part sur ces aspects, c'est plutôt la façon de les agencer et qu'au delà de la comédie revancharde il y'avait toute la politique américaine, toute l'histoire qui passait au crible.
Le film antiraciste, la comédie grinçante, le film social, le biopic, l'impact des actes, les répercussions des bonnes intentions, tout est réussi et montrer avec cohérence et une rage contenue, sous entendue mais tellement prégnante dans l'image et le jeu des acteurs, qu'on la ressent et qu'elle nous traverse.
Un très grand film que je n'expliciterais pas plus pour ne pas trop spoiler. Le grand retour de Spike Lee!
Aller le voir vraiment c'est un des meilleurs de l'année. Il sort la semaine pro et est en avant première à plusieurs dates.