L’intérêt que présente Blacklight consiste à repousser jusqu’à son dernier tiers la vengeance personnelle, si fréquente dans la filmographie de Liam Neeson, pour se concentrer sur la figure vieillissante d’un agent du FBI confronté à ses échecs : échecs professionnels d’une part, puisque ses courses-poursuites se soldent par un essoufflement, une évasion, une disparition subie ; échecs familiaux d’autre part, Travis Block se définissant lui-même comme un mauvais époux et un mauvais père. Sa petite-fille permet à ces deux fils narratifs de converger lors d’un dernier acte déjà-vu et cliché : elle offre à Travis l’occasion de renaître en grand-père, « le meilleur grand-père possible » selon ses dires, et ainsi de mettre fin à ces « pensées qui tournent dans la tête » et le hantent au quotidien.
Le long métrage, qui a la bêtise d’esthétiser à tout-va, ose néanmoins faire de Liam Neeson, habitué au cinéma d’action bourrin depuis quelques années maintenant, une ombre à lui-même et aux autres, en témoigne le souci que se font ses proches et ses collègues, l’inquiétude, l’incompréhension. Là réside l’intérêt de cette production sérielle : raccorder un agent sur le déclin au caractère imprévisible d’une existence qui tend de plus en plus à devenir routinière, prévisible en somme, une vie qui s’assombrit et le prend au piège.