The Untold Story
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le 31 janv. 2022
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Après vous avoir parlé récemment de l’excellent Black Storm, nous allons nous attarder aujourd’hui sur un autre des cinq films que le réalisateur chinois Qin Peng-Fei a sorti pour les plateformes de SVOD chinoises et non des moindres puisqu’il s’agit d’une nouvelle gifle que le réalisateur / chorégraphe nous balance à la gueule, nous confortant un peu plus dans l’idée qu’il est désormais, aux côtés de Chris Huo et de Yang Bing-Jia, dans le trio de tête des metteurs en scène chinois à suivre absolument. Je vous disais que Black Storm mettait à l’amende la quasi-totalité du cinéma d’action mondial actuel, eh bien Blade of Fury en fait de même, dans un autre genre, celui du wu xia pian dans ce qu’il a de plus pulp, ici aux fortes inspirations mangas. Le Blade of Fury (1993) de Sammo Hung était un remake de Iron Bodyguard (1973) de Chang Cheh et Pao Hsueh-Li. Est-ce que cette version 2024 est un remake de celle de 1993 ? Pas du tout. Il s’agit ici d’un spin-off de la saga Eye for an Eye de Yang Bing-Jia, chorégraphiée par… Qin Peng-Fei ! Oui, tout est lié. Mais surtout, c’est très bon !
On a l’impression que Qin Peng-Fei et son comparse Yang Bing-Jia sont en train de développer un univers autour de quatre chasseurs de prime. Le premier, le sabreur aveugle, a donc déjà eu droit à deux films, Eye for an Eye et sa suite Eye for an Eye 2, le Chacal est le héros du Blade of Fury dont nous parlons aujourd’hui, et il y a fort à parier que les deux autres qui sont cités auront eux-aussi droit à leur film. Le final de Blade of Fury tease d’ailleurs une future rencontre entre le Sabreur aveugle et le Chacal. Mais arrêtons de digresser et revenons à Blade of Fury. Le film nous propose des personnages hauts en couleurs tout droit sortis d’un manga, tout comme les combats complètement fous, parfois virevoltants, parfois très terre à terre, où Qin Peng-Fei laisse une fois de plus exprimer tout son talent, toute son inventivité, toute son envie de proposer un spectacle hautement jouissif pour qui aime le cinéma martial et même le cinéma d’action de manière générale. Tantôt très cut, tantôt proposant de longs plans, les combats sont constamment lisibles, ultra punchy, violents (parfois un peu gores), superbement chorégraphiés, avec une inventivité de tous les instants, proposant des mouvements parfois rarement vus avec des combattants souvent très près du sol, effectuant toutes sortes de glissades visuellement hallucinantes, comme s’ils se déplaçaient à l’horizontale plutôt qu’à la verticale, comme s’ils « flottaient » au ras du sol, le tout dans un festival d’affrontements (surtout dans la deuxième moitié) tous aussi jouissifs les uns que les autres. Nous sommes ici dans du wu xia pian pulp avec un peu de fantasy, avec des personnages ayant chacun une compétence particulière (le gars au bâton, la jeune fille archère, le maitre de la lance, celui qui a une épée surpuissante, …), et les voir s’échanger des coups à une vitesse folle est un spectacle hautement réjouissant, dans une sorte de croisement entre un wu xia pian d’antan, qui aurait été survitaminé par de l’action très contemporaine, et un jeu vidéo comme le récent Black Myth : Wukong. C’est simple, en termes d’action pure, on est ici, avec Black Storm lui aussi de Qin Peng-Fei et lui aussi sorti en 2024, dans ce qui s’est fait de mieux cette année non seulement dans le DTV chinois, mais également dans le reste du monde aux côtés de jolies petites tueries telles que City of Darkness de Soi Cheang ou Life After Fighting de Bren Foster.
Qin Peng-Fei n’en oublie pas de donner de la consistance à ses personnages et bien que Blade of Fury soit dégraissé au maximum (je rappelle qu’il dure 1h30 génériques compris), ils ne sont pas juste là pour être là mais ils sont bel et bien développés. Qin Peng-Fei maitrise parfaitement sa narration, avec une vraie histoire certes déjà vue mais très efficace, s’inspirant clairement de la saga Baby Cart, mais surtout des personnages qu’il rend immédiatement vivants à l’instar de ce héros en pleine rédemption, qu’on apprend à connaitre tout au long du film, et dont le développement s’effectue aussi bien dans ce que le film raconte dans les dialogues et autres flashbacks, que dans la gestuelle du personnage lui-même, jusque dans les combats où son nom de « Chacal » prendra tout son sens. Certes, ce n’est pas toujours très subtil, avec ces personnages masculins qui parlent tous avec une voix rocailleuse comme pour se donner des airs de durs à cuire, et la structure du film est un peu étrange avec un incident déclencheur qui arrive à mi-film, mais on est rapidement pris par le scénario de Blade of Fury, par cette quête de revanche sur le passé d’un homme qui ne semble plus en phase avec ce qu’il était. La mise en scène est quasiment sans accroc. Visuellement, le film est réellement beau avec une photographie, appuyée par une musique parfois Morriconienne, qui nous rappelle parfois le western spaghettis et des moments qui restent imprimés sur votre rétine comme le passage de l’épée de feu qui reprend celui de Eye for an Eye 2. Les décors sont très beaux, tout comme les costumes et, en termes de mise en scène pure, Blade of Fury est clairement la plus grande réussite de Qin Peng-Fei. C’est sans compter sur l’interprétation du casting qui croit à ce qu’il fait avec des acteurs et actrices qui rendent leurs personnages vivants du début à la fin. Ashton Chen, à l’instar de Tse Miu (Eye for an Eye, Fight Against Evil) fait partie de ces artistes martiaux qui s’épanouissent dans ce cinéma pour plateformes de SVOD et, en tant qu’amateur de cinéma martial, on ne peut que les encourager à continuer dans cette voie pour défensivement s’imposer aux côtés d’anciennes gloires du cinéma de Hong Kong telles que Andy On ou Fan Siu-Wong, mais aussi de rescapés d’autres pays comme Tony Jaa qui viennent tenter leur chance. Et dire que Qin Peng-Fei sort bientôt un film mettant en vedette Iko Uwais (the Raid 1 et 2, The Night Comes for Us), j’en salive d’avance !
Bien qu’il n’ait rien à voir avec le film du même titre de 1993 de Sammo Hung, Blade of Fury de Qin Peng-Fei est un wu xia pian ébouriffant, aux scènes d’action pulp proposant un spectacle absolument jouissif. Une belle petite claque !
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-blade-of-fury-de-qin-peng-fei-2024/
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Créée
le 27 déc. 2024
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