Ne nous attardons ni sur la filmographie en dents de scie (ça commence) du réalisateur, ni sur la continuation laborieuse du manga : Takashii Miike est un important, et "Mugen no jūnin" de Hiroaki Samura est un chef d’œuvre.
L'un dans l'autre, c'eût pu être un grand film. L'idée n'aura pas manqué de traverser les esprits, dont le mien, avant en tout cas que je ne visionne les premières bandes annonces, suites auxquelles je n' avais plus qu'à espérer une adaptation moyenne.
Sans surprises, donc, adaptation moyenne ce fut - Miike se débarrassant du manga comme d'un problème, résumant sa richesse initiale à un chanbara à la fois timide dans la subversion et décérébré dans l'action. Exit le sauwastika de Manji, Exit la sublimation maniérée du meurtre, Exit l'aspect éroto-sadique de l’œuvre originale.
Alignés par un cahier des charges fébrile, les personnages perdent inévitablement de leur substrat complexe, et par corollaire tout ce qui pouvait tisser l'ambiguïté de leur relation les uns aux autres ; quant au codex, appréciable pour contextualiser cette fresque, oubliez-le, sous quelque forme que ce soit. Ne reste qu'un film stérilisé, tout juste bon à distraire les étrangers à "Mugen no jūnin" et à décevoir, immanquablement, les autres.
Assez triste conclusion pour un 100ème, qui aurait mérité de prendre davantage de risques…