Les années passant, comme tout le monde, j'ai peu à peu considéré "Blade Runner" comme un film de SF visionnaire, ignoré l'interprétation pour le moins limitée d'un Harrison Ford plus dépassé comme acteur que son personnage ne l'exige, à reconnaître une certaine beauté dans la lenteur crépusculaire de l'agonie des derniers réplicants. Loin de Dick et de ses vertiges existentiels, Ridley Scott a trouvé là une sorte de pessimisme hébété qui augurait bien (ou mal) du malaise sociétal à venir (mis à part la prohibition du tabac, Scott avait vu clair : pollution, prépondérance de la culture asiatique, invasion des images publicitaires, etc.). La dernière version, appelée "définitive" est un peu en retrait par rapport au supérieur "Director's Cut", avec un excès d'images de pur décor qui détournent l'attention de l'essentiel, et un rêve de licorne inutile et kitsch. On peut aujourd'hui reconnaître que "Blade Runner" est un "classique", qui résiste bien à l'obsolescence de ses effets spéciaux, finalement sans importance par rapport à la belle "atmosphère" dans laquelle baigne cette histoire d'apprentissage de l'humanité. [Critique écrite en 2011]