J'aime la SF, les univers crades, les histoires tortueuses, les personnages peu recommandables aux morales douteuses, les histoires contemplatives et évocatrices, ne pas nécessairement avoir de réponses claires aux récits que je parcours. J'aime Alien, les futurs poubelles, les dystopies, les films de Sf / anticipations des années fin 70/80 que j'ai pu voir. Et pourtant, je n'avais jamais regardé Blade Runner à ce jour. M'en étonnant moi-même tout en acceptant cet état de fait puisque je n'y ai jamais remédié.
Forcément, en votant pour cette cinexperience, j'ai choisi ce film, afin de rectifier ceci dans des conditions idéales.
À chaud, j'ai vraiment apprécié. J'ai été mal à l'aise, devant cet univers incroyablement sombre, poisseux, désespéré, désincarné même. Une mégalopole que le soleil ne vient plus éclairer. Le personnage principal ne nous aide pas à nous greffer à cet univers, tant il semble être dans un état de délabrement semblable à celui de sa ville, observant le gigantesque panneau publicitaire qui survole celle-ci en vantant l'aventure et les nouveaux mondes sans même que cela ne semble (plus?) provoquer l'étincelle en lui. Il survit, il enquête, contraint et forcé, il tue, parce qu'il le doit, il ne réfléchit pas plus que ce que sa mission lui impose. Jusqu'à ce qu'il rencontre cette Replicant, et s'y attache (Attention, il ne s'agit pas non plus d'une totale remise en cause de ces certitudes, le menant à une forme de rédemption, nous ne sommes pas dans ce genre de film). Là aussi de manière brutale, malsaine. Il n'y a pas de bons ni de méchants. Il n'y a que des humains et des robots qui agissent sans qu'il n'y ait d'impact sur cette société, comme s'il s'agissait d'une histoire glauque parmi tant d'autres. Comme si c'était l'essence de celle-ci.
Les Replicants renégats ne sont pas plus mauvais que le personnage principal n'est bon. Ils veulent survivre. Se protéger l'un l'autre et avoir des réponses sur leur existence. Leurs buts sont même plus profonds et humains que celui de Deckard. Toute cette thématique est fondamentale dans le récit jusqu'à ces deux moments du final qui appuient celle-ci, à savoir le dernier monologue du Replicant, et le doute laissé sur la nature de Deckard. De ce doute découlent énormément de questionnements sur l'humanité.
Tout ceci est servi avec la mise en scène toujours très marquée visuellement de Ridley Scott, une bande originale qui accentue le sentiment de malaise, et de nombreux plans dantesques, que ce soit lors de la mort de la Replicant au tatouage de serpent, les apparitions iconiques des personnages (silhouettes découpées en contre jours ou dans le brouillard...), des plongées dans cette ville décrépie...
J'ai donc aimé ce film, aimé cet inconfort permanent et les thématiques soulevées, et remercie senscritique de m'avoir permis de le découvrir dans de parfaites conditions lors de cette cinexperience 100e du nom.