Aujourd'hui 50e critique. Pour fêter ça, on oublie le gâteau et le champagne, je me contenterai bien d'une bière et de Blade Runner, chef d'oeuvre intemporel de la Science Fiction, meilleur film du genre à mes yeux. Ce film est tout ce que le cinéma peut offrir de meilleur, un condensé de pur bonheur au milieu d'un Los Angeles sombre et humide.
Los Angeles, 2019. L'homme colonise l'espace, aidés d'androïdes appelé réplicants, des êtres ressemblants de plus en plus à des humains. Rick Deckard est un Blade Runner, un flic chargé du sale travail, c'est-à-dire de "retirer" les réplicants. Mais 4 nouveaux réplicants, des Nexus 6, s'affranchissent et s'échappent. Deckard est chargé de les retrouver et de les "retirer".
Le film s'ouvre sur un plan de LA, plongée dans la nuit. La ville crache des flammes, on voit des explosions, des voitures volantes, mais pourtant, on n'a pas l'impression que ces lumières arrivent à dissiper la noirceur complète dans laquelle elle est plongée. L'univers de Blade Runner est très probablement l'un des plus beau et des plus aboutis dans l'histoire du 7e art. Car au delà de l'architecture impressionnante des bâtiments, on retrouve une nuit constante et une pluie incessante, qui permettra d'ailleurs de très beaux jeux de lumière dans la partie finale, avec cette teinte bleutée. Mais surtout, un sentiment de solitude ressort de cette ambiance, un sentiment accentué par le visage de Deckard, froid, distant, l'anti héros parfais. Son regard est vide, usé par toutes ces années de souffrance, il est marqué par ses actions passées. Et cela renforce totalement le sentiment d'abandon que le spectateur éprouve dès les premières minutes.
En ce sens, on peut remarquer que le film s'apparente plus à un film noir des années 50 qu'à un film de Science fiction. En effet on retrouve l'ambiance froide, la ville plongée dans la nuit, le détective désabusé, la femme fatale, la traque du méchant... Harrison Ford semble être l'héritier de Bogart de par son charisme immense dans ce film, ses regards ou sa manière de se déplacer. Il incarne un personnage renfermé, secret, quasiment muet. Deckard est le Bogart des années 70-80. Il a trahi ses sentiments pour devenir un chasseur implacable, le Blade Runner parfait.
Autre grande force du film, l'absence totale de manichéisme qui va amener le questionnement de soi. Le combat des réplicants n'est pas haineux, il est basé sur l'espoir de liberté et la survie. Les meurtres ne sont donc qu'une étape pour atteindre leur but dans un monde totalement fermé. De même, Deckard comprend qu'à force d'être utilisé pour tuer, il n'est rien d'autre qu'une machine lui aussi. La seule lueur d'espoir pour lui et pour le spectateur, viendra du personnage interprété par Sean Young, une réplicante que Deckard va protéger.
Je finirai en parlant du jeu d'acteur car il me semble que c'est également un des points importants du film.Harrison Ford incarne Deckard dans un rôle à contre emploi total de ce qui a fait sa gloire. Il est froid, distant et loin d'être joyeux comme il a pu l'être dans Star Wars ou Indiana Jones. Mais ce que je retiendrai le plus, c'est le regard glaçant de Rutger Hauer. Ce génie qui aura porté à l'écran de manière grandiose Batty, le leader des réplicants révoltés. Ses deux yeux bleus sont empreints de colère, de violence mais aussi de détermination et sa tirade magnifique restera à jamais gravée dans l'histoire.
Le film aborde également de nombreux questionnements philosophiques. N'ayant pas le bagage nécessaire pour parfaire cette tâche je laisse ce soin à d'autres membres plus aptes à le faire.
Blade Runner est un film majeur de l'industrie cinématographique. Il a été la première adaptation de Philip K Dick au cinéma, aura combiné à merveille film noir et science fiction et aura donc révolutionné le genre. Interprétation majuscule, réalisation lente et terriblement efficace, Blade Runner aura malgré tout été un flop à sa sortie. Le temps donnera finalement raison à cette oeuvre à part, qui aura marqué à jamais l'imaginaire cinéphile.