Adaptation de l’un des meilleurs livres de l’écrivain Philip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, Blade Runner est un classique de la science-fiction. Réalisé par un Ridley Scott qui avait la gnaque, cette adaptation arrive parfaitement à s’affranchir suffisamment du livre tout en gardant une essence commune. Un juste équilibre qui font du livre et du film des œuvres complémentaires, deux regards différents portés sur l’histoire de Rick Deckard.
En 1980 Scott est auréolé du succès de son Alien. Il se lance alors dans une adaptation titanesque, celle de Dune, œuvre mythique de Frank Herbert. Da la même façon que pour Jodorowsky cinq ans plus tôt, le projet sera un échec cuisant. Endeuillé par le décès de son grand frère, Ridley Scott abandonna le projet qui tirait en longueur. Il se remettra en selle quelques temps plus tard avec Blade Runner.
En 2019, dans la Cité des anges, un ancien blade runner du nom de Rick Deckard est recontacté par son ancienne hiérarchie pour retrouver et éliminer 4 réplicants modèle Nexus-6. Menant l’enquête d’une main de maître grâce à son expérience, son intuition et le test de Voight-Kampff servant à reconnaître les androïdes, Deckard n’aura de cesse de les traquer. Les réplicants, avec à leur tête Roy, cherchent par tous les moyens à vivre.
Harrison Ford a habilement réussi à donner à son personnage une allure quelque peu «mécanisée» avec son manque d’expression et son perpétuel côté désabusé. Rutger Hauer, qui interprète Roy, est fascinant dans cette dernière scène où, torse nu, il affronte Deckard.
La zone d’ombre qui plane sur la véritable nature de Deckard est un élément moteur dans Blade Runner. Une interrogation que Scott accentua dans sa version director’s cut. Comme à son habitude, l’homme a donné un visage humain à ses créations robotiques. Paradoxe que de rendre une distinction physique impossible, de leur incorporer une intelligence artificielle tout en les bannissant de la terre et en les reléguant en esclaves. Aspirer à la liberté est donc un acte qui nous semble tout naturel. Les réplicants, en particulier Roy lors de l’épique scène finale, ou encore en début de film lors de l’interrogatoire de Leon Kowalski, montrent souvent un visage plus humain que les hommes de ce monde où toute trace animale semble avoir disparue au point où les animaux de compagnies sont électriques.
Avec cet environnement clignotant et une concentration humaine imbriquée dans un imbroglio urbain, Scott a réussi un parfait mélange entre film noir et science-fiction propulsant son œuvre comme un classique du genre cyberpunk.
L’indécision concernant la vraie nature de Deckard aura énormément contribué à la construction du mythe Blade Runner. Une indécision balayée il y a peu par Ridley Scott, himself, afin de commencer le teasing autour du projet Blade Runner 2. Un projet qui est à présent bien avancé, dont le scénario est, paraît-il, bouclé et qui sera réalisé par Denis Villeneuve avec Ryan Gosling dans le rôle de Deckard. Affaire à suivre donc.