[EDIT : Lorsque j'ai écrit cette critique, je venais de voir le film pour la première fois ; depuis je l'ai revu à deux reprises et mon avis est aujourd'hui diamétralement opposé, à tel point que je lui mettrais un 8 ou un 9 si je voulais modifier ma critique. Honnêtement cela ne m'est jamais arrivé encore de changer d'avis à un tel point. Je préfère toutefois laisser en l'état ma critique car elle semble avoir plu à beaucoup de gens, en tout cas semble-t-elle avoir mis en exergue ce que peuvent reprocher à ce film ceux qui ne l'ont pas goûté. Voilà, si ce procédé ne vous plaît pas, n'hésiter pas à le signaler en commentaire. PS : je finirai par "il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis".]
Blade Runner pourrait-être au cinéma ce que Dr. Jekyll et Mr. Hyde représente en littérature. Un côté simple mais attrayant suivi d'une part d'obscurité se voulant plus complexe mais se piégeant elle-même dans un ennui profond et un manque de précision agaçant.
Si cette introduction ne se révèle pas assez explicite, le développement suivant devrait l'être un peu plus.
La première partie du film est ainsi le Dr. Jekyll, la partie réussie, dotée d'une esthétique immédiatement attrayante. Rien de bien original pour les habitués de visions futuristes que nous sommes, blasés de voir des avenirs plus ou moins lointains où les voitures volent, où les robots ressemblent à la perfection aux humains et se rebellent, le tout voilé sous un rideau de pluie grisâtre derrière lequel déambulent, dans des ruelles sales et encombrées, des personnages alcooliques et seuls. Mais malgré tout de ce côté là le film convainc sans problème grâce à une sobriété bienvenue et une grand cohérence. Et les premières minutes intriguent, on se prépare à découvrir un personnage, à le suivre, on nous "promet" une quête de quelques Réplicants qui s'annonce passionnante.
Et puis vient cette deuxième partie, détestée, où certains éléments se devinent trop facilement, où l'on se rend compte que la découverte et la "traque" des réplicants n'a rien de captivant mais révèle plutôt un véritable manque d'idées. La séquence finale arrive alors et là le réalisateur nous encombre de questionnements qui auraient pu être intéressants dans le fond mais ne sont pas mis en valeur par la forme. Le combat contre le dernier réplicant est lassant, parait long et l'on se demande même le pourquoi de cette scène. Blade Runner n'a rien du film d'action alors pourquoi cette scène ratée entre Harrison Ford et le "robot platiné" ?
Le pire est que cela nous amène à une fin abrupte et qui soulève au moins deux questions sur la réelle identité des personnages ; d'habitude cela est une bonne chose mais là encore Blade Runner échoue en voulant être mystérieux, implicite dans le fond mais brutal et incisif sur la forme.
Une sorte de schizophrénie qui handicape tout le film et qui le rend culte aux yeux de certains... et agaçant aux yeux des autres.