Everything you want to see, everything you want to hear

Prolongement du premier volet plus que simple suite opportuniste, "Blade Runner 2049" est la fusion accomplie entre l'univers et l'ambiance de l'œuvre originale sortie en 1982 et le cinéma hypnotique et saisissant de Denis Villeneuve, l'une des valeurs sûres du cinéma américain "avec de la cervelle" de ces dernières années.


Doté d'un rythme lent, mais jamais ennuyeux (un rythme que Villeneuve instaure dès le départ pour nous faire comprendre qu'il en sera de même pour tout le reste du film), et sublimé par la photographie "messianique" de Roger Deakins ainsi que la musique planante et synthétique de Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch, ce nouveau "Blade Runner" cru 2017 est une œuvre contemplative et fascinante, mettant notre propre humanité ainsi que les rapports "humains" qui en découlent et notre incapacité d'y accéder au centre de son interrogation.


À l'image d'un Jared Leto dans la peau d'un créateur de réplicants, sorte de dieu aveugle qui ne "voit" que par le toucher, ce qui est à la surface, mais qui passe à côté de ce qui compte vraiment, de ce qui se trouve à l'intérieur de chaque être humain, ses rêves, ses souvenirs, son âme.


Quant à Ryan Gosling, il campe un Blade Runner réplicant voulant absolument se convaincre qu'il peut être humain et se rapprocher de ce qu'ils pourraient ressentir, que ce soit à travers le sentiment d'amour (symbolisé par le personnage de Joi, un programme féminin s'adaptant au désir de chacun jusqu'à faire croire qu'il est véritablement amoureux de vous. Ce qui donnera lieu à une scène forte où l'objet du désir se "confond" avec une prostituée pour que le contact, fictif jusque-là, devienne enfin réel. Ce qui n'est pas sans rappeler le très bon film "Her" de Spike Jonze. Mais dans cette dystopie dénuée d'espoir, tout n'est bien sûr qu'illusion passagère, même en amour.) ou à travers la violence, ce contact réel et frontal qui l'abîme peu à peu et le rapproche lentement de la mort, dernière étape sans retour possible.
Un personnage qui peut-être vu comme une sorte de parallèle à celui que campait Rutger Hauer dans le premier volet, qui avait également pour objectif d'atteindre cette humanité qu'il convoitait tant.


Et, comme pourrait le laisser supposer les thèmes abordés ci-dessus, l'important de ce film se joue ailleurs que dans son intrigue, relativement classique dans son ensemble.


Car, au-delà de son enquête policière sur fond de S-F (une structure similaire au film original), cette expérience cinématographique, ce blockbuster à contre-courant est avant tout affaire de ressenti, de sensations.


Plus que ce qui est dit (et qui peut parfois sembler un peu trop explicatif), ce qui compte surtout ici est ce qui nous est montré, et uniquement montré, ce qui n'a pas besoin de mots pour être compris.
Villeneuve revient ainsi aux origines du cinéma, où l'image seule devenait vecteur principal du récit, et pousse ce concept jusqu'à l'extrême.
Et s'immerger dans cette œuvre passionnante à l'esthétique renversante signifie s'abandonner à ce qui se passe sur l'écran face à vous et se laisser embarquer dans un voyage que l'on vit rarement au cinéma ces derniers temps, en cette époque de films survitaminés et surdécoupés.


Certes, ce genre d’œuvre jusqu'au-boutiste, de par son traitement et son rythme très particulier, risquera d'en désarçonner plus d'un.
Mais n'est-ce pas la qualité première de toute œuvre forte : celle de ne pas laisser indifférent, en bien comme en mal, et de vouloir en parler avec ses amis dès la sortie de salle et ce jusqu'au bout de la nuit ?

Raphoucinevore
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le 11 oct. 2017

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Raphoucinévore

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