Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Critique croisée: Twin Peaks, The Return
REPRENDRE C'EST VOLER
Saison fleuve pour réédifier une série pionnière, film fleuve pour faire renaître un univers fondateur. Deux œuvres évidemment très différentes mais qui honorent toutes deux un phénomène pourtant envahissant.
Le revival s'inscrit dans cette intarissable usage de la franchise et de l'adaptation. Moins une série d'hommages ou une construction épisodique qu'un manque cruel de créativité et d'audace. A contrario, la saison 3 de Twin Peaks comme le sequel de Blade Runner font preuve d'une richesse estimable.
Il n'est pas question de restaurer ou de moderniser une œuvre, mais de la compléter, de lui trouver un renouveau. Bien que pleinement ancrées dans leurs univers respectifs, ces résurgences ont de la suite dans les idées.
TOUJOURS PLUS LOIN
Le foisonnement de la nouvelle intrigue signée Mark Frost et David Lynch est déconcertant. David Lynch peut d'abord donner l'impression de se caricaturer lui-même dans se concentré de scènes aussi fascinantes qu'ahurissantes. Il ressort finalement de cette masse un périple onirique plein d'humanité. Beaucoup de sensibilité et de philosophie traversent cette œuvre fleuve. Les relations humaines, les rêves, la fuite ou au contraire l'enfermement... Il y a une infinité de thématiques, de questionnements, d'équivoques à ressentir dans Twin Peaks.
Sans poser clairement des bases claires et précises d'une intrigue, cette saison est un kaléidoscope de notre propre monde; notre monde intérieur et celui qui nous entoure. Bien plus radicalement encore qu'à l'origine, Twin Peaks repousse les frontières de l'imaginaire pour refléter plus profondément notre civilisation. Cette nouvelle mouture de la série culte trouve encore sa place des décennies plus tard dans cette démarcation extrême. L'intelligence est totale lorsqu'on amène à ressentir le propos plutôt que de l'énoncer ou le démontrer. Une expérience marquante qui va au-delà de l’art.
LIBRE HÉRITAGE
Blade Runner 2049 ne prétend pas a autant de complexité scénaristique, loin de là. L'écriture de ce nouvel opus n'est certes pas le point fort du film mais elle ne trahit pas l'essence de l’œuvre originale. Comme pour beaucoup de suites, on pouvait craindre la coquille vide, le coup marketing insignifiant. Denis Villeneuve a su renouveler et nourrir respectueusement l'univers créé par Philip K. Dick et repris par Ridley Scott.
Blade Runner 2049 aborde toujours le rêve, exposant la quête de liberté et la détermination. C'est autant une enquête qu'une aventure, un parcours initiatique. C'est une recherche des origines pour mieux se cerner soit même et s'affranchir de notre héritage. On est plongé dans une société, présentée comme ayant évoluée, mais qui est toujours conditionnée et asservie. Cela résonne avec notre contemporain.
DU NEUF AVEC L'ANCIEN
Déjà à l'aube des années 90, Twin Peaks était pourvu d'un kitsch charmant dans sa mise en scène. Aussi éclatée qu'à l'écrit et extrêmement hétéroclite, elle joue encore sur la désuétude. C'est encore une audace créative, portée par le génie de David Lynch et son sens tout particulier de l’esthétisme. Cette ambiance surannée participe la singularité de cette création. En repoussant les limites, Twin Peaks, The Return ouvre aussi son cadre visuel. De superbes images et une mise en scène soigneusement calibrée pour de nombreux moments sensationnels.
NOUVEAU MONDE, NOUVEAU MODERNE
Dans Blade Runner 2049 on retrouve l'ambiance fascinante du premier film, ornée par une mise en scène qui souffle une modernité époustouflante. Comme en 1982 on voyage dans un futur d'une beauté visuelle et sonore captivante. Peut-être moins avant-gardiste que celle de Ridley Scott et plus ancrée dans les codes du genre, elle n'en est pas moins ingénieuse. Les décors et le chara-design participent à nous plonger dans un univers singulier saisissant. Blade Runner 2049 conjugue la patte de Denis Villeneuve à celle de Ridley Scott et Philip K. Dick. Il faut ajouter un nom majeur parmi ceux qui nourrissent ce film, Roger Deakins qui compose encore une sublime photographie.
REVENIR POUR MIEUX PARTIR
Il n'est pas question de faire une critique comparative, entre Blade Runner 2049 et Twin Peaks, The Return (qui n'ont évidemment aucun autre lien) ou envers leurs œuvres originales ni même face à la pléthore de suites, prequels, sequels, franchises, revivals ou autres spin-off qui envahissent, souvent futilement les écrans.
Mais il s'agissait avant tout de pointer les réussites de deux résurgences intéressantes et cibler les points d'accroches qui les rendent intemporelles mais surtout qui ont su donner de l'intérêt à ces suites.
Ce retour à Twin Peaks a complété notre premier périple et peut nous laisser pour quelque temps avec le sentiment du voyage accompli.
Le monde des Blade Runner est encore plus vaste grâce à Denis Villeneuve.
Leurs réussites se forge peut-être dans le fait que ces œuvres se tiennent à elles seules sans se plier à leurs héritages ou chercher à s'en fabriquer un.
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Créée
le 10 oct. 2017
Critique lue 310 fois
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