Blade Runner 2049 par Stanleywhite

Denis Villeneuve succède à Ridley Scott 35 ans plus tard pour la suite de ce « Blade Runner » devenu entre-temps culte pour beaucoup .
Le pari était osé mais le résultat est un petit prodige de dystopie, une synthèse quasi-parfaite entre l’original et une identité qui lui est propre et plus actuelle.
Cette suite a le mérite d’apparaître comme un prolongement naturel, loin des artifices des épisodes 2 et 3 de « Matrix » par exemple. Au premier, il reste fidèle par ses nombreuses références scénaristiques, ses personnages retrouvés (quelques apparitions troublantes), ses accessoires (les flingues, les véhicules) son univers techno-glaçant, son rythme lent et son aspect polar futuriste.
Graphiquement, « Blade Runner 2049 » est d’une beauté hypnotique rare, et constitue un choc esthétique, du en grande partie à la photographie lumineuse de Roger Deakins ( « Sicario », « Skyfall »,..) .
Le talent de Villeneuve est de savoir installer, comme nul autre aujourd’hui, une tension permanente ( soulignée par les nappes synthétiques obsédantes de Hans Zimmer, fidèles au score de Vangelis mais sans le plagier) et un rythme lancinant traversé de fulgurances ou d’éclairs de violence.
Mais le réalisateur canadien a su aussi y insuffler un supplément d’âme, entre la relation fascinante et fusionnelle de K ( Ryan Gosling, dans un rôle mutique proche de celui qu’il avait dans « Drive »)avec Joi son intelligence artificielle hologrammique (Ana de Amas, qui irradie l’écran à chacune de ses apparitions) ou celle de Deckard ( Harrison Ford ) avec ses fantômes du passé.
On pourrait simplement lui reprocher quelques faiblesses ( la rencontre avec Deckard est un peu décevante) ou figures imposées ( Luv, machine indestructible, comme Rutger Hauer dans le premier).
Mais la fin, élégiaque et bouleversante nous emporte définitivement.
On en ressort impressionné par une telle maîtrise, et avec l’irrésistible envie de s’y replonger très vite…