2012, c’est l’année des Blanche Neige. Tarsem Singh nous a livré sa bobine, guère convaincante, et voici celle de Rupert Sanders, qui laisse le style costumes extravagants et féerie colorée pour nous servir du très noir lorgnant beaucoup du côté heroic-fantasy, afin de nous proposer un revival d’un genre laissé pas mal à l’abandon depuis la trilogie du Seigneur des Anneaux.
L’idée était agréable, mais le résultat se résume en une bobine de plus de deux heures souffrant d’un grave manque de pêche. Ça commençait plutôt bien pourtant, notamment avec une belle baston avec des types qui cognent dur à coups de glaives, le tout usant intelligemment d’un effet esthétique pulvérisant les ennemis en éclat noirâtres plutôt qu’en gerbe de sang, rendant la chose aussi agréable visuellement que proposable à un public de jeunes ados. Le problème c’est que la pellicule l’est justement trop, pour ados. Blange Neige grandit, se fait la malle, et puis après tout se résume à un long et ennuyeux périple en forêt où la demoiselle passe son temps à regarder les oiseaux, puis des petits bonhommes blancs rappelant les kodamas de Princesse Mononoke, ou encore caressant des caribous. C’est bien beau, mais si la performance visuelle est bien présente, le divertissement a en revanche beaucoup de mal à s’installer, le spectateur se demandant finalement quand est-ce que tout cela va finir par décoller. C’est en définitive 20 minutes avant la fin que l’ensemble est expédié, la Reine empoisonne Blanche Neige, celle-ci pionce un coup, se fait réveiller par son beau ténébreux, puis ils mènent leur vendetta, en somme on aura jamais vu un dénouement défiler aussi vite sous nos yeux. Une nouvelle fois le côté épique que l’on attendait se révèle être une arnaque. Blanche Neige prend les armes façon Jeanne d’Arc (les deux sont pucelles soit dit en passant), mais l’action tient dans un mouchoir de poche, et finalement la jeune femme récupère son trône, avant que le tout finisse sur un plan où sa couronne n’a même pas été posée droite sur sa caboche, lui donnant un air particulièrement con.
Kristen Stewart réussit cependant à avoir l’air un peu moins endormie qu’à l’accoutumée, ce qui est une nette progression, visiblement elle aurait arrêté le pot, qu’elle consommait fréquemment sur les tournages et lui donnait ce regard éteint. Chris Hemsworth est quant à lui pathétique et inutile, en plus d’avoir un nom à la con (il est chasseur donc il s’appelle chasseur, tout comme Jason Statham était fermier tout en s’appelant Farmer dans King Rising). Et enfin la reine, Charlize Theron, est dès le départ pas terrible. Du haut de ses 37 ans elle parait en avoir 10 de plus et l’on peine à croire qu’il n’y ait que Blanche Neige qui soit plus belle qu’elle dans le royaume, ou alors c’est le royaume des moches.
Point agaçant, le fait que la production ait choisi une distribution de personnes de tailles normales pour interpréter les nains. Warwick Davis, Peter Dinklage et Jordan Prentice étaient indisponibles ? (bon Jordan Prentice jouait dans le Blanche Neige de Tarsem Singh mais là n’est pas la question) Bob Hoskins et Toby Jones font le mètre soixante cinq, certes, mais il est suffisamment rare qu’un blockbuster de 170 millions de dollars requérant des nains soit tourné pour pas qu’ils puissent croquer une part du gâteau.
Blanche Neige et le chasseur c’est donc un mélange de tout et de rien. On a des CGI qui englobent la chose et essaient de colmater les brèches, mais l’on a moins d’action et d’heroic-fantasy que dans King Rising et encore moins de féerie que dans le conte des frères Grimm. A voir s’il on souffre d’insomnie.