Un des plus beaux films d’heroic fantasy que j’ai vu, mêlant conte de fées, fantastique, drame psychologique et aventures. Une interprétation mémorable du Blanche-Neige de Walt Disney, où s’ y trouvent tous les éléments et enjeux, en plus des libertés propres au film.
Blanche-Neige version adulte. Version Seigneur des Anneaux. Une version peuplée de magie sombre, d’univers ensorcelé, corrompu et mortifère, mais aussi de refuges naturels merveilleux, de micro-mondes miraculeux aux préservations féeriques. Et puis qu’est-ce que ça fait du bien de voir une héroïne au lieu d’un héros ! Que dis-je, de deux héroïnes, magistrales, qui font l’histoire, au lieu, comme souvent, de juste l’accompagner, voire de la décorer.
Avec une Kristen Stewart enfin très très loin de son rôle infantile de Twilight, qui devient une Blanche-Neige virginalement belle, héroïque et spirituellement parfaite, mais aussi mue en guerrière crasseuse, une fois son innocence tranchée, aux ongles crottés la plupart de temps, qui n’hésite pas à s’enfuir de sa geôle en nageant dans la fosse septique du château. Avec la sublime – encore une fois, au sens propre comme au figuré – Charlize Theron en reine noire intérieurement déchirée, omnipotente, magnifique, inquiétante de folie et répugnante de cruauté. Et puis il y a les anti-héros. Des nains courageux, au bon cœur, artistes et poètes, mais aussi jamais rien que des brigands de la forêt, cupides, frustes, nauséabonds, et même assassins. Et enfin avec Chris Hemsworth, qui déserte ici la divine chevelure dorée de Thor, pour incarner le fameux chasseur protecteur, bon, discrètement noble, clairement écorché, mais également sale, grossier, ivrogne, misogyne, rustre et brutal.
Sans laisser la moindre place à toute mièvrerie amoureuse et inutile, on a une aventure fantastique et passionnante, mettant en avant l’amour et le pouvoir déchus, la folie vengeresse, la floraison des plus belles qualités humaines, l’amour inconditionnel de la vie, et la beauté triomphante émergeant de son paradoxe de laideur.