Blank City par TheMrOrange
Mr Orange: Auto-masturbation intellectuelle d'une culture de niche? S'eusse pu être le cas si le réalisateur n'avait pas été une petite réalisatrice frenchy fraichement débarquée à New-York qui s'est lancée il y a de ça 6 ans dans l'aventure avec tout l'art et la méthode de l'époque d'intérêt: magouille & débrouille. Chapeau pour cette ode au cinéma New-Yorkais né d'une vague trash.
Recentrons le propos. Dans un quartier de New-York, le Lower East Side, le No Wave apparait à la fin des 70's. Mouvement cinématographique, musical, artistique... culturel issu de l'esprit punk nihiliste, prônant le do-it-yourself... surtout si t'as pas de talent. Si c'est pas de la niche ça. Les films sont majoritairement inregardables, mais c'est pas grave, vous ne les trouverez pas, ou seuls ceux qui le sont, regardables. Durant les 80's, cela évoluera vers le Cinéma de la transgression, plus trash. Une ère morte qui influence pourtant le ciné indé et dont sont ressortis quelques noms.
Idée de l'époque: " Tu fais de la peinture? Ca tombe bien, j'aime ta coiffure et j'ai besoin d'un guitariste dans mon groupe. Tiens, voilà une basse désaccordée, ça fera l'affaire."
Et... c'est absolument génial! 1h30 d'hyper culture hyper-underground qui vaut de l'or. Littéralement. Des extraits de films choisis que vous ne verrez jamais. Un tissage chronologique du No Wave et du Cinéma de la transgression par leurs acteurs majeurs, rendant compte de la richesse extrême du vivier intellectuel de l'époque. Des jeunes avec des idées. Une pauvreté extrême, facteur stimulant. Des dealers pour permettre de travailler sans s'arrêter. Le maire et le SIDA pour fermer le clapet de ses auto-proclamés intello. Génial. Attention, les informations déferlent à une vitesse inouïe, incitant un 2e visionnage... qui ne sera pas de refus.
Du précurseur The Blank Generation d'Amos Poe à la consécration cannoise de Jim Jarmusch avec Stranger in paradise en passant par les débuts de Steve Buscemi, un aperçu sur un autre quartier effervescent de New-York dans Wild Style de Charlie Ahearn et la surenchère de provocations de la part de Nick Zedd ou de Beth B & Scott B... prenez ce gros facial de culture inaccessible avec délectation, et avalez goulument.
Un documentaire sur une époque clé de l'intellect moderne et malgré tout obscure. Non intrusif, la parole est laissée aux progéniteurs, qui recréent un mythe se suffisant à lui-même. Un travail monstre d'une valeur inestimable. Un documentaire qui sublime l'expression "tu dormiras moins con ce soir", instruisant l'indigent sur ce qui différencie New-York d'Hollywood. Génial.
Bémols:
- un rappel écrit et permanent des dates aurait été le bienvenu.
- pour (cinéphiles) curieux et passionnés avant tout.