Bless the Beasts & Children est l'adaptation faite par Stanley Kramer en 1971 du roman éponyme de Glendon Swarthout, paru l'année précédente aux États-Unis. Même si le bouquin a été publié en France la même année, en 1971, sous le titre Les Évadés de Box Cañon, et réédité en poche chez Gallmeister il y a quelques années, il est a priori peu connu ici, alors qu'il a remporté bien plus qu'un succès d'estime outre-Atlantique.
Kramer livre ici une adaptation fidèle de l'aventure de Cotton, Teft, Shecker, Goodenow, Lally 1 et Lally 2, six adolescents psychologiquement instables confrontés à un événement qui marquera le début de leur passage vers l'âge adulte. Ces garçons, envoyés dans un camp de vacances en Arizona destiné à les endurcir au contact de la nature, assistent un jour, impuissants, à un spectacle traumatisant. Incapables d'en effacer le souvenir de leur mémoire, ils décident de faire le mur pour rectifier les choses. Une nuit, les voilà partis, à cheval puis en voiture, à travers les étendues sauvages du nord de l'Arizona, pour une équipée mi-rocambolesque, mi-initiatique...
À l'inverse du roman, Kramer dévoile d'entrée de jeu l'événement traumatisant dont il est question, alors que le livre ne le dévoile que dans son dernier tiers. Cela n'empêche pas le film d'être captivant de bout en bout, puisque le réalisateur parvient admirablement à faire monter la tension, tout en alternant les moments intenses avec des passages plus drôles et légers. Le film, interprété par des acteurs inconnus qui se révèlent tous excellents, est prenant de bout en bout, et Kramer a le mérite de ne pas édulcorer la fin tragique du roman, même s'il en livre une autre version. Bénis soient les enfants et les bêtes n'atteint peut-être pas la puissance d'un Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, mais il fait incontestablement partie de ces films marquants sur la perte de l'innocence qui accompagne invariablement la sortie de l'adolescence.