La vie sans la vue
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Blind fait peut-être partie de ces films souffrant de leurs ambitions, qui finissent par égarer le message qu'ils souhaitent transmettre, et le spectateur avec. L'idée, c'est que la cécité entraînant un inévitable manque d'informations de la vie quotidienne, celle-ci engendrerait une paranoïa, et des représentations imagées et amplifiées du ressenti du personnage.
La protagoniste s'imagine alors des histoires, elle spécule sur les éventuelles liaisons de son mari, et fait vivre au travers de son imagination de personnages fictifs, en leur faisant porter le fardeau de ses peurs, ses haines, ses manques, ses obsessions, ses regrets. Ça fonctionne, grâce au doute constant qu'elle partage avec le spectateur qui est la perte de la notion du réel. A maintes reprises dans le film, difficile de savoir si on se trouve dans une scène imaginée ou dans la réalité.
Les personnages d'Elin et Einar ne doivent en fait être que de pures inventions, mais il est vrai que jusqu'au bout du film, j'ai cru qu'ils avaient une part de réel, tout en doutant de leur véracité. Sur ce point, Blind manque de clarté.
On ressent souvent les obstacles du handicap, par exemple à travers une scène se déroulant quelques secondes dans le noir complet (on se réfère alors au son pour imaginer l'environnement), des plans rapprochés pour couper toute notion d'environnement, mais aussi et surtout lorsque seule l'actrice principale est filmée lors de dialogues. Ne voyant pas le visage de l'autre, il est difficile de véritablement cerner ses intentions, ses réactions.
En cela, Blind sensibilise, et particulièrement bien. Mais dans sa volonté de représenter concrètement la folie intérieure de la protagoniste principale, le film patauge et devient vite très flou, confus, et par conséquent ennuyant. Il se perd dans des représentations hypersexualisées, que l'on retrouve chez différents personnages, et dans des histoires sentimentales d'une banalité navrante.
Avec pourtant une réalisation soignée, presque poétique, une musique redondante qui symbolise les craintes persistantes et le renfermement de notre personnage aveugle, et une interprétation globalement réussie, Blind ne parvient jamais à être touchant. Eskil Vogt privilégie trop la complexité, dans un film qui mériterait une simplicité laissant transparaître davantage d'authenticité.
Créée
le 11 août 2020
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