En 1998, les frères Coen ont déjà maintes fois affirmé leur style à la fois étrange, absurde, dramatique, noir et comique. Un savant mélange qui, deux ans après la réussite de Fargo, donnera naissance à l’une des comédies noires des plus cultes et influentes : The Big Lebowski.
The Big Lebowski, c'est l'histoire incongrue du Dude, ce pauvre gars, fainéant, je-m'en-foutiste, qui réclame dédommagement pour son tapis, désormais souillé d'urine. Accompagné de son compagnon au sang-chaud qui empire toujours les situations, le Dude en voit de toutes les couleurs, et il tombe dans une spirale de laquelle il ne peut se dépêtrer.
On aime généralement ce film pour ses personnages. Au-delà des deux personnages principaux précédemment cités, il y a de nombreux personnages secondaires improbables, aux caractères originaux toujours poussés à leur paroxysme. Entre un Donny ironiquement réservé, une Maud Lebowski incontrôlable, un Jesus complètement dingue ou un cow-boy qui a la prestance dans le sang, nous sommes servis, l'univers est très complet et chaque personnage trouve l'acteur idéal pour l'incarner.
Mais la palme de l'interprétation revient bien sûr à Jeff Bridges dans le rôle principal, avec sa dégaine nonchalante et sa philosophie inspirante. Bien qu'adoptant un style cool et éminemment décontracté, il fait toujours preuve de sens moral, de bonne conscience. Le Dude est bon et pacifiste, il veut du bien à tous.
The Big Lebowski démontre que les Coen parviennent à créer de toute pièce leur propre culture. Ils nous plongent dans un univers transportant, à coup de répliques folles (dans une VF notablement bonne) et de rêves surréalistes, noyées dans un quiproquo délirant. L'inattendu est de mise.
Ces personnages sont certes loufoques et exacerbés, mais profondément humains et spontanés dans leurs agissements, ce qui les attendris, et les rend parfois touchants. Et c'est ce qui rend The Big Lebowski à la fois drôle et fascinant : la profonde simplicité des personnages qui se noient dans un scénario complexe et alambiqué.