Film emblématique du crépuscule de la génération 90's, encore un peu insouciante, encore un peu légère et flottante avant la gueule de bois des années 2000, et malgré quelques petits défauts, The Big Lebowski n'est pas culte pour rien.
Pour sûr ce film parle de la vie ; ce fleuve qu'on dit tranquille. N'empêche, les poissons y pissent quand même dedans. Le sordide y côtoie l'onirique, le grave flirte avec la légèreté, et les opportunités de se vautrer, plus communes que celles de briller, semblent s'enchaîner à une fréquence et un rythme savamment orchestrés, histoire de bien nous empêcher de tourner en rond.
La vie est une plage.
Tout ça pour dire que, qu'on veuille ou non se l'avouer, il y a en chacun de nous un loser qui sommeille (plus ou moins), et que tout ce qui manque à notre condition c'est la magnificence de l'art. Ou comment prendre la vie, les amours, les emmerdes, à pleine vague, et se laisser porter jusqu'au moment où l'on flotte par dessus la poiscaille qui s'entête à nager à contre courant, et pourquoi pas en se grattant les couilles entre deux gorgées de caucasien. Tel un loser magnifique.
The Big Lebowski c'est donc ça : les péripéties d'un glandeur qu'on empêche de tourner en rond, et qui ne se lève les miches que pour retrouver le plaisir des choses simples (en l'occurrence un tapis souillé par la pisse qui avait la particularité de remplir son appart d'un certain équilibre), le tout au milieu d'un bordel provoqué par les affaires inutilement bruyantes et emmerdantes du reste du monde occupé, incomplet, insatisfait, plein de regrets et nostalgique. C'est aussi et surtout l'histoire d'un quiproquos duquel résultera un tas de mal entendus parce que sinon la vie serait pas drôle.
Le Dude c'est le bordel au milieu du chaos, la musique au dessus du brouhaha, le peignoir et les couilles au frais opposé au costume étriqué, la simplicité d'un pragmatisme primaire face à la sophistication superflue.
Le Dude c'est la quille chamboulée par la boule de bowling, celle qui reste et rebondit, et qui fini malgré tout replacée sur la piste.
Le film des frères Coen, non content d'être servi par des dialogues et des situations aux petits oignons, peut se vanter de bénéficier d'une alchimie rare : celle des bons acteurs, au bon moment, dans le bon film, à la bonne époque, avec le texte qu'il faut. Véritable galerie de scènes et de personnages cultes et haut en couleurs, The big Lebowski est un récit bien plus pertinent qu'il n'y parait, presque philosophique. Chacun y interprétera (ou non) d'ailleurs la morale implicite portée par le narrateur de l'histoire. Le seul bémol peut être, est que selon moi le film est un petit peu trop long pour son bien, ce qui se traduit par un léger battement de rythme que l'aspect un peu décousu du récit renforce.
Pour le reste, the Dude abides.