BLIND SUN (13,1) (Joyce A.Nashawati, FRA, 2016, 88min) :
Ce drame psychologique suffocant nous entraîne dans un futur proche au cœur de la Grèce, étouffée de chaleur, où Ashraf, immigré se voit proposé de garder seul une villa luxueuse de fortunés propriétaires. Pour son premier long métrage Joyce A. Nashawati s'essaye au film de genre paranoïaque dans un exercice de style assez adroitement maîtrisé. La mise en scène (trop?) stylisée aux cadrages symboliques appuyés et à la langueur parfois monotone nous plonge sous le soleil exactement dans un cauchemar les yeux ouverts. La réalisatrice de manière astucieuse utilise chaque décors et le soleil écrasant pour nous perdre dans un labyrinthe mental constitué de toutes les angoisses vécues par le héros. Une parabole mentale, symbole d'une Grèce à l'agonie, où les riches exploitent la dette de manière aveuglante comme ce soleil toujours au zénith cet enfer méditerranéen, où la xénophobie se développe par rapport au problème des migrants, alors que la culture antique se voit "pillée" par des archéologues étrangers. Le scénario parfois un peu abscons se décline en un voyage sensoriel où les fantômes de Stanley Kubrick (la maison faisant penser à l'Overlook hôtel de The Shining), Roman Polanski, Franz Kafka ou encore à la série télévisée La 4eme dimension par son côté fantastique du héros solitaire englué dans une spirale obsessionnelle. Une expérience singulière contemplative qui demande au spectateur un effort d'implication au risque de s'ennuyer devant cette fable politique brûlante et onirique. Amenez vos lunettes protectrices, ouvrez vos rétines et venez découvrir ce "Blind sun" aux sueurs froides...Lumineux, organique, chic, inégal mais troublant.