(...) Deuxième film en compétition cette année, Blind Sun, premier long-métrage de Joyce A. Nashawati, qui fut la vainqueur du meilleur court-métrage en 2010 à Gérardmer avec La Morsure, est un thriller brûlé par le soleil de Grèce, celui qui peut rendre fou un homme qui s’y expose trop longtemps. C’est d’ailleurs ce qui arrive au personnage principal, un immigré engagé pour surveiller une villa. Différents mondes se rencontrent dans ce long-métrage. Celui de la bourgeoisie méprisante et des travailleurs immigrés, celui d’un état quasi-totalitaire régit par une multinationale qui vend de l’eau et un peuple qui n’en peut plus de la corruption et de la mort qui règne dans son pays. Le film se déroule dans un futur proche, mais résonne parfaitement avec la situation que connaît la Grèce depuis bien trop longtemps. La toile de fond politique n’envahit jamais le film, et n’est là que pour donner un contexte et une raison à la folie de notre personnage, abandonné et seul. La mise en scène et la cinématographie rappellent bien évidement Wake in Fright de Ted Kotcheff, à cause de cette luminosité trop abondante qui fait plisser les yeux au spectateur, mais n’est pas non plus sans rappeler un certain cinéma claustrophobe européen, de Le Locataire de Polanski au plus contemporain et très bon Ich Seh Ich Seh de Severin Fiala et Veronika Franz. Prenant le temps de faire avancer son récit, l’économie de plans permet d’instiller dans le récit le fantastique de manière très subtil, sans jamais trop en faire. Mais ce qui fonctionne particulièrement avec Blind Sun, c’est que la dystopie politique, intimiste et écologique que nous propose Joyce A. Nashawati est totalement crédible, puisqu’elle ancre son récit dans une réalité plus que palpable, et vers laquelle on se dirige malheureusement de plus en plus. (...)
Tiré du journal du festival du PIFFF 2015 : lire l'article entier sur mon site...