(...) le parrain de la geek culture mondiale Kevin Smith est à l’honneur ce soir, pour son dernier film Tusk, délire horrifique dans la lignée du géniale The Human Centipede de Tom Six. J’attendais avec impatience ce film, qui promettait beaucoup, puisque j’avais adoré Red State qu’il avait réalisé en 2011, œuvre ultra sérieuse qui parle de l’extrémisme religieux ( évangéliste dans ce cas ).
Le film commence plutôt bien, en nous présentant ces personnages antipathiques au possible, qui ont construit leur fond de commerce en se moquant ouvertement des énergumènes les plus étranges peuplant internet. L’histoire se met en place de manière classique et préfigure quelque chose d’assez plaisant. Cependant, dés le début, les dialogues, se voulant l’image d’une conversation entre potes pleine de blagues potaches, sont tellement pauvres que l’on a du mal à en rire, tournant certaines séquences au ridicule comme dans la séquence d’introduction lorsqu’ils font un podcast, ou lorsqu’il assène des espèces de vérités empirique sur la différence entre l’Homme et l’Animal, ou lors des interminables jeux de mots sur tous les clichés que l’on peut avoir du Canada : barbus, aiment le hockey, mangent du sirop d’érables… Quelle originalité dans la recherche d’humour, digne de Bienvenue chez les Ch’tis. Passé l’humour débile et inintéressant du film, je me dis que l’horreur attendu haussera le niveau, pour l’instant, très ras les pâquerettes du métrage. Mais finalement, la seule séquence d’horreur qu’il y a dans le film, la rencontre entre Justin Long et le méchant du film, joué par Michael Parks, est également la seule réussie du film. Passé la surprise de sa découverte, il est le seul personnage qui reste cohérent du début à la fin, même s’il n’échappe pas aux interminables flashbacks qui inondent le film, dans lesquels il explique son histoire d’amitié avec un morse, qui grâce à leurs traitement en noir et blanc donnent l’impression d’avoir été complètement fantasmé, transformant le personnage plus en malade mental qu’en scientifique fou. Juste après, le film prend vite d’autres chemins, et Kevin Smith nous donne ainsi l’impression de ne jamais savoir quoi faire : un film d’horreur, une comédie, une parodie, un film d’enquête… ?
Ne prenant jamais au sérieux son sujet, car partant d’une blague qu’il a eu lors d’une de ses émissions de radio, Kevin Smith met tout et n’importe quoi dans son film, et n’a donc aucune consistance et aucune cohérence dans l’écriture comme dans la mise en scène. L’introduction du morse est en cela ridicule et tombe complètement à plat, puisqu’elle est à l’image du film, incohérente et inconsistante quant aux émotions qu’elle veut transmettre. Doit-on pleurer ? Avoir peur ? Rire ? Se moquer ?… Quelques temps après, l’introduction du personnage de Guy Lapointe ( qui est noté dans le générique comme étant joué par Guy Lapointe… woah, quel humour encore Kevin… ), sorte d’inspecteur complètement improbable, joué par Johnny Depp ( qui prouve encore une fois qu’il ne peut rien faire d’autres que des conneries sur un écran de cinéma ), fait tomber le film au plus bas : j’ai alors eu l’impression de regarder Mais qui a tué Pamela Rose ?. C’est à partir de cette séquence interminable, entrecoupée d’un flashback complètement inutile dans l’histoire, que j’ai baissé les bras et accepté la dure réalité de ce que je voyais : Tusk est une purge innommable et interminable !
Comme sus-dit, le film débute d’une blague entre potes lors d’une émission de radio. Pourquoi pas, mais un court-métrage aurait suffit. On sent que ce mélange de registres ne sert qu’à allonger la durée, déjà trop longue, du film et donne donc l’impression que le réalisateur n’a jamais fait de choix. Le long-métrage est en roue libre, jamais cohérent, complètement débile, et pas drôle… Fuyez-le, et montrez donc à Kevin Smith qu’un nom ne suffit pas à faire un bon film.