Tusk
5.6
Tusk

Film de Kevin Smith (2014)

Parce qu'il a fait ce film que j'admire nommé Clerks, j'attends avec une certaine impatience tout film qu'annonce Kevin Smith. Il avait fait une incursion aux frontières du cinéma d'horreur avec Red state il y a deux ans, et cette fois avec Tusk, Smith fait un film à la Human centipede, basé sur un délire qu'il avait eu lors d'un de ses podcasts, à partir d'une annonce étrange publiée dans un journal : quelqu'un était prêt à loger gratuitement une personne qui accepterait de se costumer en morse.


Tusk était projeté en clôture du Paris International Fantastic Film Festival, donc je ne pouvais rater ça.
On ne nous a pas prévenu, mais il fallait attendre la projection du film après toute une série de remerciements, une remise de prix, et la projection de deux courts-métrages récompensés : Puzzle et The boy with a camera for a face. Le premier était faussement original et ne s'appuyait que sur des jump-scares pour faire peur ; le second, je l'ai aimé dès le premier instant, l'histoire est racontée comme une comptine en rimes, c'est très imaginatif et l'humour absurde y est superbe.


Tusk, donc.
Le héros, Wallace (oh, ça sonne comme "Walrus", quel hasard) joué par Justin Long anime un podcast où, avec un ami tout aussi pathétique que lui, il parle de gens bizarres qu'il rencontre. Il s'en va cette fois au Canada, pour rencontrer un jeune homme devenu un phénomène sur internet à cause d'une vidéo où il se coupe la jambe. J'ai déjà été décontenancé : l'effet spécial fait tellement fake que j'ai cru que c'était une vidéo humoristique, mais je n'ai compris qu'ensuite que c'est censé être un accident "réel".
Le personnage principal ne cesse de le confirmer tout au long du film, c'est un vrai connard, sans-gêne, égoïste, qui trompe sa copine, est irrespectueux de bien des façons, et qui fait des blagues qui ne sont jamais drôles.
Smith tente de nous resservir des conversations entre potes, comme depuis ses débuts avec Clerks, mais là ce n'est pas drôle et c'est carrément beauf. C'est d'une vulgarité totalement dénuée d'humour, c'est lourdingue, et c'est la première fois que je vois Smith écrire des conversations aussi pauvres.
De plus, les blagues sont très souvent malvenues, débarquant dans des moments sérieux.
Il y a une bonne quantité de blagues qui repose sur de prétendus "cana-dos" et "cana-don’ts", énoncés comme si les Canadiens vivaient tous selon les mêmes règles culturelles. Apparemment, les Canadiens détestent les Américains, et il ne faut jamais leur dire qu’on n’aime pas le hockey.
Si le personnage de Wallace était parti en France, peut-être que Smith lui aurait fait rencontré un type lui disant que dans son pays, il ne faut jamais dire du mal de la baguette de pain et du béret.


Pour ce qui est de la part d’horreur dans le film, c’est tout aussi navrant.
Wallace débarque chez un homme qui trouve que le morse est le plus magnifique des animaux, et l’acteur Michael Parks a beau dire ça tout à fait sérieusement, ça ne peut qu’être risible. Ca semble débile, même si le personnage a eu la vie sauve grâce à un morse. Il va jusqu’à dire que son amitié avec l’animal a été plus forte que n’importe quelle autre, et on n’y croit pas une seconde tant c’est idiot.
Il y a une surenchère dans la bêtise quand il dit, encore sérieusement, qu’on va avoir la réponse à la question "is man a walrus at heart ?".
Ce malade semble vouloir recréer le morse qui lui a sauvé la vie avec le corps de Wallace. Là encore, c’est d’une connerie terrible. Au moins dans The human centipede, le scientifique était intéressé par l’expérience en elle-même ; dans Tusk, ça n’a aucun sens.


Le point fort du film selon moi, c’est le personnage de Guy Lapointe. Je trouve l’acteur qui le joue souvent surestimé, mais là il m’a rappelé comme il peut être bon, surtout pour se métamorphoser (ça m’a pris quelques secondes avant de le reconnaître).
J’ai commencé à rire seulement avec l’apparition de Lapointe, à savoir vers 1h de film.
Mais c’est aussi à partir de là que Tusk traîne en longueur, il y a ce flashback interminable avec Lapointe et le méchant, une séquence censée être drôle mais qui est grotesque et lourde, et ensuite dans la scène au fast food on sent que Smith fait tout pour faire durer les phrases, il meuble à mort, il pousse les acteurs à parler lentement et à se répéter, etc. J’avais juste envie qu’ils la ferment et qu’on passe à la suite.


J’ai à plusieurs moments pensé que le film ne pouvait pas devenir plus con et navrant, mais il ma prouvé le contraire. La conclusion surtout est d’une débilité atterrante. Par ailleurs, je ne sais vraiment pas si Smith essaye d’en faire quelque chose de drôle ou de tragique, mais dans les deux cas c’est un échec.
Tusk est une pure merde, devant laquelle j’ai souffert ; je n’aurais pas été au cinéma, j’aurais accéléré jusqu’à la fin. Et si ce n’était pas du Smith, j’aurais arrêté de regarder avant.
Le cinéaste voulait dégoûter avec ce film, et en effet je suis dégoûté, mais parce que ça me fait mal de voir un réalisateur que j’adore faire quelque chose d’aussi mauvais ; et contrairement à Cop out, Tusk est un film qui lui est personnel, qu’il a écrit lui-même.
Et voir le public applaudir à la fin, ça aussi, ça m’a fait mal.

Fry3000
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le 23 nov. 2014

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