Blindés
4.9
Blindés

Film de Nimród Antal (2009)

Comme pour l’affaire Tim Burton / L’étrange Noël de Monsieur Jack, tout porte à croire que Robert Rodriguez (Desperado, Spy Kids, Sin City, Machete) est le réalisateur de Predators (que tout le monde a déjà oublié et ce pour de bonnes raisons). Alors qu’il n’en est que le producteur (et aussi directeur des effets visuels, pour la petite anecdote). Le rôle de cinéaste revient à Nimród Antal, qui avait fait ses armes en 2007 avec Motel. Et qui avait continué sur sa lancée en 2009 avec Blindés (bien que ce film soit sorti chez nous juste avant Predators, en 2010), long-métrage choral sur un braquage de fourgon blindé passé inaperçu dans nos salles.

Tyler Hackett (Columbus Short) est une nouvelle recrue dans une compagnie de transports de fonds. Ce job est important, lui permettant de payer les factures de ses parents décédés et de pouvoir continuer à vivre avec son frère, actuellement sous sa charge. Mais les temps sont durs, et avec les services sociaux qui guettent la moindre occasion, Tyler se joint contre son gré à son collègue Mike Cochrone (Matt Dillon) qui décide, avec l’aide d’autres transporteurs, de voler 42 millions de dollars contenus dans deux véhicules blindés. Mais le braquage va prendre une toute autre tournure quand Tyler voit monter en lui une once de moralité, le poussant à s’enfermer, seul, dans l’un des blindés, empêchant les autres de commettre leur coup. L’obligeant à tenir jusqu’à l’arrivée des autorités pendant que ses collègues tentent d’ouvrir le véhicule par tous les moyens possibles.

Voilà un divertissement hollywoodien sur fond de crise sociale et économique, qui préfère aller à l’essentiel plutôt que de creuser les personnages principaux (et qui auraient au moins mérité ce traitement). Blindés (titre qui joue sur les véhicules mis en scène mais également sur le fait que nos personnages veulent s’en sortir riches, « blindés ») suit ce braquage et ses nombreuses péripéties, tout en prenant son temps. Ne virant jamais dans une autre direction (mettre en place une trame secondaire qui aurait pu alourdir l’ensemble) pour ennuyer le spectateur. Alors certes, le scénario est aussi mince que du papier à cigarette. Mais en même temps, avoir une histoire digne de ce nom n’est pas le but premier de ce long-métrage. Et dans le genre divertissement sans prise de tête, Blindés rempli aisément son contrat. Malheureusement pour lui, le film n’a pas les atouts nécessaires pour être un pop corn movie mémorable.

À commencer par son casting. Non pas que les comédiens soient mauvais. Je dirai même qu’ils s’en sortent honorablement pour un tel film. En même temps, nous avons des acteurs tels que Matt Dillon (Outsiders, Sexcrimes, Mary à tout prix, Collision), Jean Reno (Mission : Impossible, Godzilla, Ronin, Rollerball, La Panthère Rose, Da Vinci Code) et Laurence Fishburne (la trilogie Marix, Mystic River, Mission : Impossible 3, la série Les Experts). Autant dire que la distribution du film a de la gueule ! Et pourtant, jamais nous ne sommes impressionnés par la prestance de celle-ci. La faute à une mauvaise utilisation de ces acteurs, qui se retrouvent en tant que seconds couteaux, rien de plus (limite Jean Reno dans Mission : Impossible avait un rôle bien plus important, c’est pour dire). Alors que la promotion du film a joué énormément sur ce fameux casting, au point de mettre le véritable acteur principal qu’est Columbus Short en bas de la liste (il n’est même pas visible sur l’affiche française). Une très mauvaise publicité qui nuit pleinement à l’impact qu’aurait pu avoir ce film. Et du coup, difficile de s’attacher à des personnages inexistants, masqués par le face-à-face entre Short / Dillon qui nous est ici proposé.

Autre défaut de Blindés : son manque de panache, de spectaculaire. Honnêtement, vous voyez l’affiche du film, son synopsis, vous vous attendez à quoi ? Personnellement à une énième resucée de Die Hard qui permet de passer agréablement le temps, sans que l’on reproche un manque de crédibilité dans les séquences qui, justement, titille notre adrénaline. En clair, Blindés aurait pu être un bon divertissement s’il s’était aventuré dans les pas de John McClane. Au lieu de cela, le film ne prend même pas la peine d’user d’un humour badass qui lui aurait été favorable. L’intérêt retombe donc aussitôt dès les premières minutes, et ce n’est pas le « côté gentil » du film qui va arranger quoique ce soit. Par là, il faut entendre que malgré une mise en scène en temps réel, son intrigue et sa photographie qui laisse penser à de la barbarie poisseuse style Bad Boys de Michael Bay, jamais au combien jamais le film ne décolle. Nous obligeant, comme le personnage principal, à attendre les autorités pour que quelque chose se produise enfin. Et qui se résumera juste à une sorte de règlement de compte final avec une explosion mortelle et un véhicule qui va dans le décor. Pour un divertissement hollywoodien, on a déjà eu plus palpitant que cela !

Vraiment dommage car Blindés pouvait être un produit plaisant à regarder, surtout si nous sommes fans de ce genre de film. Mais à rester trop gentillet du début à la fin n’a pas permis au réalisateur de se faire un peu plus connaître dans nos salles (Motel et Predators n’ayant clairement pas marqué les esprits). Espérons pour ce réalisateur, au potentiel pourtant certain, que l’avenir lui réservera un film dont nous nous souviendrons !

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