Les tippeurs du projet en auront pour leur argent. Après le démentiel clip Turbo Killer de Carpenter brut, Seth Ickerman était passé à la vitesse supérieure en annonçant un Crowdfunding devant lui permettre de réaliser un gros moyen métrage permettant d'étendre l'univers de son film. Résultat, la campagne rapporte plus du double de ses objectifs, et la production se lance. Le film tourne alors en festival avec les retours qu'on connaît. Et le bestiau sort enfin sur les plateformes de visionnage en ligne, sous forme d'une mini série. Résultat : Ouch.


Désamorçons immédiatement la polémique, le féminisme militant n'est pas au coeur du projet, qui veut apporter un univers riche, à la fois visuellement et avec quelques concepts autour de l'intelligence artificielle (essentiellement, les vaisseaux ont une âme, qui prend la forme d'un top modèle). On notera également quelques plans réellement magnifiques, qui étaient la base du projet. Donc ce qui était promis est là. Pour le reste... Beaucoup de lacunes, à commencer par un scénario prétexte très peu développé (on ne nous vendait pas le scénario, mais là, il limite régulièrement le potentiel visuel de l'histoire) et des personnages monolithiques. Mais cela pourrait encore passer, car nous sommes dans un gros clip. Le soucis réside essentiellement en 2 points : la beauferie globale du projet et l'absence de véritable feu d'artifice visuel.


Il y a nombre de plans badass dans ce film, qui donneraient assurément un clip d'enfer. Mais à l'échelle d'un moyen métrage, les tunnels de dialogues devant faire avancer l'intrigue et poser les thématiques tirent constamment la hype vers le bas, diluant les ingrédients au lieu de les faire détonner entre eux. Le final est quant à lui à la peine avec cet affrontement spatial expédié à la va vite avant de nous offrir enfin cette vision d'une femme gigantesque dans l'espace. Mais si la facture technique globale est excellente, le résultat fonctionne mal en tant que film.
Quant à la beauferie... Ce serait une erreur de parler de féminisme quand les femmes sont l'objet du récit. Je ne pense pas que l'intérêt soit ici de nous offrir des personnages forts et émancipés. Il s'agit de nous offrir le plus de femmes à poil possible. Si il y a bien une femme militante des droits des vaisseaux spatiaux dans les 10 premières minutes, on l'évacue rapidement pour laisser un casting féminin physiquement impeccable qui passera l'essentiel de son temps nu. Je ne peux m'empêcher de penser que le vrai plan iconique du film est celui où on voit le cul en croupe de l'actrice évoluant dans l'espace, et qu'un soleil passe derrière pour éclairer divinement le relief lunaire de cet astre radieux. C'est là qu'est l'état d'esprit du film, et même si il y a bien punition de la masculinité toxique (avec la séquence du piège... longue), c'est davantage l'incarnation des vaisseaux en femmes canons qui est au centre, et surtout, elles sont toutes nues (avec un cache sexe tout de même, ne devenons pas vulgaire). Et quand le gigantesque grappin du vaisseau vient pénétrer l'épave... Allégorie, quand tu nous tiens...


Bref, j'ai préféré turbo killer, qui sexualisait également beaucoup ses personnages féminins sans exploiter autant leur nudité, et qui avait orchestré une surenchère visuelle beaucoup plus intense avec sa courte durée. Question message, on se souviendra que, comme pour la mécanique de précision des vaisseaux, si on aime les femmes, il faut y faire attention et les respecter. C'est surtout la dilution du récit qui porte le plus préjudice à l'ensemble, perdant le dynamisme de l'excellente musique de Carpenter Brut dans son récit trop étalé pour prendre du relief. Reste plusieurs jolies séquences, comme la traque de l'âme dans l'espace et le final et sa femme géante, et bien sûr, la musique de Carpenter brut à la base du projet, qui aboutit effectivement à un développement de l'univers, à l'efficacité toutefois modérée. Même pour un collectif d'artistes visuel aussi talentueux que Seth Ickerman (et ses collaborateurs), il arrive un stade où le visuel n'est pas tout, et où le dosage commence à devenir primordial.

Voracinéphile
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le 4 juin 2020

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