Dans la famille film produit, scénarisé et réalisé par un gars qui ne fera plus jamais rien d'autre dans le milieu du cinéma, je voudrais Blood Money. Gregory McQualter est ce fameux inconnu qui a sorti plein de fric de son sac à malice pour s'offrir son rêve de tutoyer les cieux de la création. Et le rappeur pitbull, à qui il deale une scène inutile contre son nom en évidence sur l'affiche. Le rôle principal échoit lui au pas plus célèbre Zheng Liu, chargé ici de faire publicité des miracles de la méthode Shaolin : le lancer d'aiguilles si vite qu'elles transpercent tout adversaire, le cassage de lanières de métal sur le crâne et le regard totalement mort en dedans.
Derrière une réalisation et une photographie qui peuvent brièvement donner le change se cache une catastrophe technique, avec des FX mal intégrés qui ont 15 ans de retard, des absences récurrentes de sonorisations ou de musique, un scénario rapidement incompréhensible dont les ambitions d'intrigue internationale se heurtent à la dure réalité de l'incompétence, et un mauvais jeu d'acteur généralisé (oui, même toi Gordon Liu, ne sauves pas les meubles ; mais on me dit que tu as la carte totem "je viens de faire un AVC").
De cette torpeur plombante surgissent pourtant des séquences frappadingues qui réveillent immédiatement l'intérêt : une explosion affreuse de voiture dans un affrontement de gangs, les fameuses attaques d'aiguille, et beaucoup de citations nanardes ("il faut contrôler les macs et les putes pour contrôler les politiques"). J'ai aussi apprécié l'impressionnant travail de surjeu de Alex Castro en baron de cartel colombien. Pas de quoi conseiller le visionnage de Blood Money, sauf en cuts amoureusement choisis. À noter que Zheng Liu se vante réellement de posséder les talents cités plus haut, sauf qu'il transperce des vitres plutôt que des mafieux. Quant à sa capacité à tordre le métal sans s'abimer la peau, il l'explique par son armure de Qi. Du nanar transmédia, donc.