Le réalisateur Al Adamson avait la réputation d'être encore plus filou et pingre que Roger Corman et ce n'est pas ce Blood of Ghastly Horror qui viendra faire mentir cette réputation. Le réalisateur spécialisé dans les films d'exploitations pour drive-in nous offre avec ce film tout ce qui fera le sel de sa future filmographie avec bidouillages, tournage express, vieille gloire hollywoodiennes, sexe et violence. Un réalisateur définitivement à part et au destin tragique comme le montre le très bon documentaire de David Gregory Blood & Flesh The Reel Life & Ghastly Death of Al Adamson . Mais revenons à Blood of Ghastly Horror


Difficile de résumer l'intrigue du film et vous comprendrez mieux pourquoi si vous me faites l’amitié de lire cette critique jusqu'au bout (quel sens du teasing!!). Blood of Ghastly Horror nous raconte en gros l'histoire de deux flics qui tentent d'arrêter un tueur qui serait lié à un voleur de bijoux psychopathe qui n'est autre qu'un ancien soldat du Vietnam quasiment mort mais ranimé par un savant fou qui lui a cramé le cerveau. Bon il est aussi question de vengeance avec un zombie avec une tête de pomme verte vérolée agissant sous le contrôle d'un scientifique fou avec des potions magiques.


Si tout ceci vous semble un poil décousu c'est plutôt normal car Blood of Ghastly Horror est en fait un deux en un voir plus, un film hybride qui rafistole les images d'un précédent film de Al Adamson avec des éléments horrifiques nouveaux afin d'en faire un presque film à part entière. On va essayer de résumé un peu la fabrication chaotique du film qui démarre par le tournage en 1964 d'un film de gangster classique lequel ne trouvera pas de distributeur, du coup le film sera agrémenté de scènes avec des go-go danseuses pour une sortie sous le titre de Psycho a Go-Go en 1965. En 1967 exit les séquences avec les danseuses et le film devient Fiend with the Electronic Brain avec l'ajout de scènes avec un scientifique (interprété par John Carradine) pour expliquer le caractère psychotique du gangster. Puis en 1971 le film va de nouveau ressortir avec cette fois de nouvelles séquences avec le père du gangster qui se venge du destin tragique de son fils en utilisant un zombie qu'il est capable de contrôler avec une potion. Blood of Ghastly Horror est donc un film largement bidouillé avec une mécanique de flashbacks pour essayer de faire tenir l'ensemble debout. Inutile de dire que l'intrigue du film est assez bordélique et que le récit manque de fluidité ; une grande partie des images proviennent donc de Psycho a Go Go et le reste semble bien artificielle.


Al Adamson était un artisan adepte de la prise unique afin d'économiser la pellicule et du plan qui s'étire un peu afin de remplir la durée minimum à faire un long métrage le tout avec des comédiens et comédiennes pas forcément capable d'être juste dès la première prise, je vous laisse donc imaginer le résultat. Une des premières victimes de notre zombie vert aurait par exemple méritée quelques indications de jeu et de sobriété lorsqu'elle meurt étranglée en louchant et en tirant la langue tout en frétillant de la tête comme une poisson jeté sur le bord de l'étang. Le bonhomme qui oubliait souvent de payer ses techniciens était aussi un adepte de la débrouille et de la récupération et il utilise par exemple de simples pièces d'appartement pour devenir un poste de police, une bijouterie ou un laboratoire scientifique. C'est ainsi que John Carradine se retrouve dans une salle de bain avec trois fioles multicolores, des lumières qui clignote, une armoire de toilette, un bureau et une machine avec casque de chantier relié à des fils électriques pour nous faire croire qu'il est le nouveau docteur Frankenstein. Pour le poste de police c'est encore plus sommaire avec un pauvre calendrier et un faux diplôme posé négligemment sur les murs d'un salon avec des bibliothèques remplies de livres. Et si il est un technicien qui n'a pas du être payé bien cher c'est sans doute le monteur du film, le mystérieux O'Dale Irelande (non crédité au générique) qui nous offre une séquence de baston monté et découpé absolument n'importe comment. Comme souvent et en véritable amoureux du cinéma des années 40/50, Al Adamson va composer son casting avec des vieilles gloires et seconds rôles du passé comme Kent Taylor et John Carradine, des quasi inconnus comme Ray Morton qui ne fera que trois films (avec Psycho a Go Go et Blood of Ghastly Horror ça fait déjà deux) et sa compagne de l'époque ici Reggina Caroll qui interprète la fille de John Carradine et qui sera elle même transformée en zombie qu'elle jouera tartinée de latex comme une petite vieille à la voix tremblotante.


Blood of Ghastly Horror c'est du cinéma bis plus rapiécé encore que la créature de Frankenstein elle même, et comme Al Adamson ne fait pas dans la haute couture ni la dentelle le film avance comme si il allait tombé en miette à chaque nouvelle séquence, et pourtant ça tient, ça brinquebale dans tous les sens, mais ça tient.

freddyK
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le 6 juin 2023

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