Bloodsuckers from outer space est un petit film amateur datant de 1984 qui sent bon la grosse série Z bricolée avec trois bouts de ficelles, quelques potes et une poignée de dollars en poche. Le film est mal écrit, mal réalisé et accessoirement mal interprété par Glenn Coburn qui parfaitement conscient de la connerie de son script et de la platitude de son budget oriente son film vers l'humour parodique du gros Z qui assume joyeusement d'être mal foutu. La question reste de savoir si lorsque l'on fait délibérément un mauvais film on réussit paradoxalement dans la mesure ou il est conforme aux intentions à faire un bon film ? ( Vous avez quatre heures )
Bloodsuckers from Outer Space raconte l'histoire d'un petit bled paumé du Texas qui se retrouve confronté à une mystérieuse puissance extra terrestre qui transforme les habitants en mutants zombies et vampires (Ce n'est pas au choix mais bien les trois à la fois). Un jeune reporter photographe et sa nouvelle petite amie, quelques scientifiques qui bossent dur à Research City et des militaires belliqueux tenteront de mettre fin à ce terrifiant cauchemar.
Dans un premier temps je me suis retrouvé fortement déçu de ne pas être devant un nanar pur jus involontairement drôle mais plutôt dans une grosse série Z potache. Dans la mesure ou Glenn Coburn n'est jamais dupe de ce qu'il filme et qu'il force systématiquement le trait jusqu'à la caricature, Bloodsuckers from Outer Space se regarde comme une comédie horrifique au budget ridicule. Fort heureusement il reste la french touch d'un doublage totalement foireux, désynchronisé, scolaire et monotone pour hisser la film vers le nanar sympathique. Histoire d'être raccord avec le budget famélique du film, la menace extra terrestre est ici un courant d'air venu de l'espace; du coup un vieux ventilateur des acteurs qui se tiennent les cheveux ou la casquette en ondulant comme si ils étaient dans une tempête et par la magie du cinéma la menace invisible se matérialise miraculeusement à l'écran. Une fois contaminés les pauvres victimes sont victime d'une hémorragie qui leur fait cracher des litres et des litres de sang avant de se réveiller la tronche peinte à la gouache avec des gros traits bleus sur la gueule. Ils deviennent alors des créatures étrange mi mutants, mi zombies, mi vampires (oui je sais ça fait trois moitiés) toujours capable de tenir des conversations insipides vu le niveau des dialogues et dont on se demande surtout si leurs tendances de vampires ne sert pas à Glenn Coburn à glisser sucer dans tous les dialogues...
Le jeune héros du film est un reporter particulièrement impulsif à l'image de cette scène durant laquelle il n'arrive pas à changer la roue crevée de sa voiture, du coup il défonce littéralement sa bagnole à grands coups de démonte pneus. Lorsque ce jeune impétueux rencontre la douce et jolie Julie , il l'invite chez lui à venir voir sa collection de timbre avant de ravager sa maison en lui faisant l'amour …Il poussera même un déchirant cri du cœur face à un couple de zombie/mutants/vampires souhaitant les boulotter en déclarant « On est pas venus pour se faire sucer ... ». Dans une ambiance très redneck propice aux bastons sur un petit air local de banjo on croisera des scientifiques qui sont loin d'être des prix Nobel, un bon gros bouseux en salopette qui jure que tout ça c'est à cause de ces salauds de pédés, un énigmatique concierge philosophe qui s'adresse directement aux spectateurs pour dire que les personnages du film sont des cons ou encore un général qui rêve de tout faire péter à l'arme nucléaire. C'est souvent très lourd, la mécanique humoristique tombe parfois totalement à plat, c'est ultra cheap et mal branlé mais globalement il se dégage de ce Bloodsuckers from Outer Space une vraie générosité et un vrai capitale sympathie qui fait que le film (heureusement très court) se suit avec beaucoup de plaisir.
Même si le film n'est pas à proprement parlé un véritable nanar il en a pourtant toutes les joyeuses caractéristiques. Et puis finalement qu'importe le flacon de poison faisandé pourvu qu'on est l'ivresse d'une bonne cuite de rednecks à l'eau de vie frelatée. Bloodsuckers from Outer Space est tout simplement un très bon mauvais film.
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