Bloody Psycho est un téléfilm italien de la fin des années 80 qui ironie du sort sera jugé trop violent pour la télévision et balancé directement sur le marché de la vidéo et du câble sous une collection intitulée Lucio Fulci présente. A part apposé son nom comme vague caution de respectabilité, le poète du macabre n'a visiblement pas grand chose à voir avec le téléfilm en lui même. Bloody Psycho est réalisé en 1989 par le très anonyme Leandro Lucchetti c'est dire à quel point on est déjà loin de l'âge d'or du cinéma d'horreur italien.


Bloody Psycho raconte l'histoire de Werner Vogler un pranothérapeute (si vous voulez briller en société ou vous en servir pour un scrabble c'est une médecine alternative de guérison par apposition des mains et utilisation d'énergies cosmiques) qui intervient auprès d'une châtelaine paralysée. L'homme fait également un peu parapsychologie à ses heures perdues et se retrouve fasciné par une aile du château fermée car prétendument hantée. L'homme entreprend alors une enquête sur le passé du château tandis que les morts inexplicables se multiplient.


Pendant un bon moment Bloody Psycho, engoncé dans son format de téléfilm et la mise en scène passe partout de Lucchetti est juste un peu soporifique et délicieusement mauvais. Fort heureusement le film bascule ensuite dans le nanar l'espace de quelques scènes assez savoureuses qui permettent de sauver le film du marasme et de l'oubli. Bizarrement l'intrigue globale et cette enquête paranormale sur le passé du château est pourtant loin d'être déplaisante à suivre même si le comédien Peter Hintz qui incarne le héros du film s'avère aussi lisse qu'un cul de bébé et souffrant d'un profond manque de charisme . Le film oscille ainsi entre épouvante gothique, thriller, érotisme soft et quelques touches de gore artisanales et maladroites; pas de quoi sauter au plafond mais bien assez pour remplir une bonne série B. Et puis fort heureusement le film va un peu partir en sucette dans sa seconde moitié avec une bande originale hors sujet aux petits oignons pour rehausser le tout. Tout d'abord il faut savoir que le fantôme est une vielle femme en état de décomposition avancée dans son fauteuil roulant et que certaines de ses attaques sont du joyeux n'importe quoi comme lorsqu'elle traverse en trombe une porte fenêtre façon cascade à moto pour ensuite venir écraser la carotide de sa victime. Si la scène est d'emblée assez ridicule, elle devient magnifique car Leandro Lucchetti visiblement très fier a la mauvaise bonne idée de nous remontrer trois ou quatre fois l'irruption du fauteuil roulant dans le fracas de bois et de verre. Plus tard alors qu'il mène l'enquête, notre perspicace pranothérapeute découvrira des traces de pneus comme si dans sa furie le fauteuil roulant avait laissée des traces de gommes sur son chemin.


Mais le top moumoute nirvana du nanar sera atteint avec deux scènes érotiques sur fond de musique d’ascenseur ou de boulard des années 80 (ou de boulard dans un ascenseur). Dans la première notre héros attend allongé langoureusement près d'une cheminée dans son marcel blanc en tripotant une poupée retrouvée dans le château, arrive alors la petite fille de la femme qui serait devenue fantôme (la Ari Vatanen du fauteuil roulant, ça va vous suivez ?) qui reconnaît la poupée de son enfance. Il s'avère en plus que les deux découvrent qu'ils se connaissent depuis qu'ils sont gamins, si c'est pas une belle occasion de niquer près du feu je ne comprends plus rien aux relations humaines. Mais ce n'est pas le pire car un peu plus tard le film va nous balancer une scène tellement gratuite et vulgairement explicite que je ne sais vraiment pas ce qu'elle vient foutre là. On y voit en effet la comédienne Louise Kamsteeg la tête renversée vers l’arrière boire très salement une sorte de yaourt liquide qui coule de sa bouche à son menton alors que celui qui l'abreuve fait des commentaires tout en nuance et poésie du style : "Tu aimes ça" , "Tiens je vais tout te donner" … C'est peut être un placement produit dissimulé pour les produits laitiers mais c'est surtout d'une hilarante vulgarité. Et puis une fois partie en vrille autant finir en beauté et Leandro Lucchetti nous balance en guise de conclusion une fin à tiroirs sans queue ni tête qui achève définitivement les maigres mais sympathiques promesses du début.


Parti pour être un mauvais film un peu chiant Bloody Psycho finit par gagner ses galons de nanar sympathique et puis ce n'est pas tous les jours que l'on voit des cascades en fauteuil roulant, une imagerie ouvertement pornographique qui tombe comme un poil dans le bouillon, le tout en apprenant un nouveau mot : pranothérapeute.


Ma Note Nanar : 06/10

freddyK
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le 2 janv. 2023

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Freddy K

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