Ca fait une semaine que j’ai vu Blow Out et je sais déjà au moment je commence à vouloir écrire un petit quelque chose dessus que je serais incapable de sortir la moindre idée constructive sur ce film, le chaos qu’il a créé dans mon esprit n’étant toujours pas dissipé. Je sais juste que ce fut une grosse claque qui prouve à quel point De Palma a le sens de la singularisation. Comment son film, coincé entre les deux monuments que sont Blow Up et Conversation Secrète réussi t-il a existé ?
Blow Out c’est à la fois un film sur la puissance du ciné et sur son impuissance. Comment le cinéma révèle l’évidente vérité, il la balance au grand jour, il montre ce que tout le monde semblait ignorer, pourtant rien ne ce passe. Malgré l’apparente omnipotence des images le monde refuse de les voir, l’artiste devient alors autiste, emprisonné dans sa clairvoyance, ou dans sa création mentale. C’est peut être dans cet aspect parano/obsessionnel que le film de De Palma se rapproche le plus de celui de Coppola. Par contre contrairement à ses deux illustres ainés, Blow Out malgré son propos outrageusement théorique n’est pas hermétique pour deux sous, à aucun moment l’intrigue tendue comme un string ne se ressent de ce penchant intellectuel. A la manière de M la maudit on peut prendre Blow Out pour un simple thriller, tout à fait passionnant mais assez inoffensif, alors que si on creuse (il suffit d’un regard pour plonger), on met le doigt dans un engrenage qui nous emmène dans un puits sans fond, celui des possibilités d’exégèse de Blow Out. Doit-on s’arrêter sur le symbolisme ? Doit-on le prendre séquence après séquence ou comme un tout ? Est-ce un mélodrame ?
Je finis par me demander si ce ne serait pas le film qui enterre véritablement le nouvel Hollywood ? J’en ai l’impression, et pour cela il faut forcément que ce soit un chef d’œuvre.