Hum, Rio Bravo de Howard Hawks, qu'est-ce qui fait que j'aime ce film à la folie ?
Il n'y a pas 150 raisons, c'est juste une histoire de jubilation. Rio Bravo c'est presque un film à sketches, lié par une trame qui n'est qu'un prétexte pour Hawks, mais prétexte à quoi ?
Au développement de ses personnages, ne cherchons pas midi à quatorze heures, Rio bravo c'est juste le beau film de potes du monde. John T.Chance est une peau de vache envers Stumpy, Dude, Carlos, Wheeler... Mais c'est la façon dont son amitié s'exprime, il est exigeant, il attend le meilleur des hommes qui l'entoure mais il sera le premier à les féliciter.
Il suffit de voir la recherche du meurtrier de Wheeler qui s'est réfugié dans le saloon de Burdette par Chance et Dude pour comprendre. Dans cette séquence miraculeuse Wayne donnera à Martin une chance de reprendre confiance en soi, en lui laissant la direction des opérations, le soutenant jusqu'au bout même quand Dude commence a gamberger et lorsqu'il reviennent à la prison Stumpy leur fait la morale, prise de risque inconsidérée oblige, mais le voilà plein d'étoile dans les yeux lâchant un "J'aurais voulu voir ça" quand Chance lui dit que Dude a eu l'assassin en un seul coup. Voilà tout y est, l'étincelle Hawksienne est dans cet amour des personnages, dans l'intimité qui les lient, dans la deuxième chance que l'on accorde à l'un, dans les conseilles que l'on porte à l'autre. Et il y en a 50 des scènes magistrales de ce genre, à chaque fois le plaisir que j'y prends est équivalent à une bonne cuite entre potes, je suis au bord des larmes quand Dude chante, Chance les regarde avec une bienveillance bouleversante. Point de métaphysique, ou de messages subliminaux là dedans, c'est le film le plus simple et limpide du monde mais c'est aussi l'un des plus beaux.
J'aimerais y être, boire un coup avec Dude (sans doute l'un des plus beau personnages du monde), me prendre la tête avec Chance, entendre geindre Stumpy et chanter avec Colorado une chanson de country. Voilà sans doute les raisons de l'amour unique je porte à ce film qui fut en plus mon entrée dans le western classique, moi qui fut élevé au grain léonien.
Je ne parle même pas de l'érotisante Dickinson, des magnifiques compositions de Tiomkin, de la gestion époustouflante de l'espace de Hawks, en fait je crois bien qu'il y a 150 raisons qui font que j'aime ce film passionnément.
Le cinéma est un mythe, le western est son tombeau, Rio bravo est son étendard.