Certainement l'un des films de De Palma les plus conceptuels et les plus intelligents, "Blow Out" se présentait en 1982 comme une nouvelle exploration du thème du génial "Blow Up" d'Antonioni, dans laquelle la paranoïa politique et policière typique des années 70-80 (on pense aussi au formidable "The Conversation" de Coppola) a clairement remplacé la mise en abyme du cinéma moderne des 60's...
Mais il ne s'agissait plus ici d'agrandir une image pour mieux en découvrir le sens (ou peut-être son absence...), mais de monter un film en synchronisant son et image, la vérité ne pouvant être "prouvée", "visible" que par la combinaison des deux : c'est donc une sorte de leçon de cinéma, aussi technique que morale, que nous offre De Palma avec "Blow Out"...
Évidemment, la terrible conclusion du film, qui pourrait être vue comme cynique si le visage torturé de Travolta (dans son meilleur rôle, sans aucun second degré) n'en soulignait l'insupportable douleur, pointe méchamment la "limite" de cette approche "technique", finalement impuissante face à la froide cruauté du monde "réel".
Les années qui ont passé ont néanmoins un peu délesté "Blow Out" (en outre l'un des moins films les moins "hitchcockiens" de De Palma) de son impact originel, la mise en scène d'un De Palma toujours aussi manipulateur paraissant aujourd'hui convenue, vidant le film de son contenu émotionnel au profit d'une narration quasi stakhanoviste. Il faudra sans doute y revenir dans 30 ans pour voir si l’œuvre - qui nous paraît encore aujourd'hui colossale - de De Palma résiste vraiment au temps qui passe.
[Critique écrite en 2013]