Ça va peut-être vous rappeler quelque chose : une fille se met à hurler sous la douche pendant qu'une ombre brandit un grand couteau. La situation va devenir encore plus dramatique... mais je ne vais pas dévoiler la suite. Brian De Palma non plus. Car le film n'est pas vraiment commencé. C'était juste un film dans le film au début.
Le film commence donc avec John Travolta en ingénieur du son faisant de la prise de son la nuit, un peu comme David Hemmings prenait des photos dans Blow Up d'Antonioni ou James Stewart observait ses voisins dans Fenêtre sur cour. Mais les similitudes s'arrêtent ici. Là où Antonioni se dispersait dans les milieux branchés du swinging London et nous suggérait une frontière floue entre réalité et imaginaire, les héros de Blow Out viennent de milieux modestes et De Palma se concentre uniquement sur l'intrigue dans le seul but de nous faire découvrir la vérité, en même temps que son personnage.
Blow Out est une suite de variations sur ce que l'on entend et ne voit pas, sur ce que l'on voit et n'entend pas et sur ce que l'on ne voit ni n'entend parce qu'on nous oblige à ne pas le voir et à ne pas l'entendre. En se souvenant qu'il était au départ un scientifique, Brian De Palma va nous faire réécouter l'enregistrement de la bande-son des dizaines de fois comme on fait une expérience scientifique. Il recommence ensuite ses expériences en étudiant cette fois la synchronisation de la bande son avec les photos. Tel un chercheur qui arrive à résoudre les équations différentielles les plus complexes, il parvient finalement à isoler les preuves cachées de la désinformation et d'une manipulation politique. Bien que les cinéphiles ne pourront s'empêcher de citer Conversation Secrète de Coppola, Blow Out est un des films les plus personnels de De Palma et il évoque les difficultés du citoyen isolé dans sa recherche de la vérité face au pouvoir des media, du FBI et des partis politiques. Le film évoque aussi les mensonges des politiciens pour faire progresser leur carrière coûte que coûte et s'inspire d'un fait divers réel: l'accident de voiture du sénateur Ted Kennedy.
Blow Out ne se résume heureusement pas à des écoutes d'enregistrement : la course poursuite à la gare de Philadelphie, dans le métro ensuite , la course folle de la voiture pendant la parade et le feu d'artifice associé au son de la cloche Liberty Bell dans la séquence finale prouvent la maîtrise des grandes scènes de cinéma par le metteur en scène. Et le film a aussi le mérite de montrer des techniciens du cinéma souvent oubliés: les techniciens du son...
Ça va peut-être vous rappeler quelque chose : une fille se met à hurler sous la douche pendant qu'une ombre brandit un grand couteau. La situation va devenir encore plus dramatique... Pour rester sur la bonne voix, Brian De Palma a eu la finesse de conclure par un doublage de la scène du début.