Cette critique fait partie de la liste "Brian De Palma: Voyeurisme et Cinéma"
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Voici venu le meilleur film de De Palma, selon mon humble point de vue, bien sûr (voisinant Dressed to Kill et Scarface)!
Là où l'année précédente le réalisateur visitait les troubles dissociatifs d'identités, enrobés d'un soupçon de Giallo, il nous livre ici une œuvre toute en retenue (que ce soit au niveau du scénario, de sa réalisation et du thème général).
L'histoire de ce féru de science (dixit les paroles de Jack, dans le bar) parvenu à une reconnaissance sonore indiscutable (même sans micro et oreillettes, il est capable de dissocier ce qu'il entend, comme dans la scène du hall de la gare) et qui capte tout a fait par hasard, ce qui semble être un banal accident.
Étant preneur de son, il officie donc cette fameuse nuit et tente de capter le bruit du vent dans les branchages, pour ainsi rajouter ce bruitage sur les images d'un film de série Z.
Jack (John Travolta) dirige donc son micro perche en direction du sommet d'un arbre.
Satisfait, il se tourne au son de voix d'un couple, en contrebas du pont sur lequel il se tient.
Puis, c'est le croassement d'une grenouille qui retient son attention, bientôt suivi par le hululement d'un hibou.
Jack sourit. Il aime ces moments intimes avec les sons de la vie.
Soudain, le bruit d'une voiture roulant à vive allure retient son attention.
Il braque le micro perche vers la route et le bruit se fait plus fort.
Une détonation retentit et la voiture fait une embardée et finit dans la rivière.
Jack se précipite à l'eau et porte secours à la jeune femme qui s'y trouve emprisonnée. L'homme qui est aussi à l'intérieur du véhicule, n'a lui, plus besoin d'aide...
C'est le début d'une mascarade politico-policière.
De Palma (dont Jack est encore une fois un avatar cinématographique du réalisateur, après le jeune Peter de Dressed To Kill) nous entraine dans les coulisses du cinéma (Jack étant donc un technicien de ce milieu), mais du côté peu connu du grand public, soit la prise de son directe.
Le De Palma voyeur s'invite encore (la scène du psycho-killer du film dans le film, où l'on aperçoit en vue subjective des jeunes filles dénudées qui dansent) subrepticement puis ce désir assouvi, il va développer efficacement son thriller.
Citant une autre de ses références du 7eme art (le Blow Up d'Antonioni), il y intègre aussi l'un des évènements marquants de sa jeunesse: l'assassinat de JFK et ses multiples théories du complot + un fait divers retentissant: le fameux incident de Chappaquiddick impliquant le propre frère de JFK.
Le réalisateur mixe le tout et écrit un scénario bien huilé, où Jack et la femme qu'il a sauvée (Nancy Allen) vont devoir faire éclater la vérité avant d'être éliminé de l'équation...
Le récit en crescendo, apportera l'une des scènes les plus émouvantes jamais vue à l'écran (d'ailleurs, ayant vu la séquence finale hors contexte 3 jours auparavant, je fus tout de même étreint par l'émotion qui s'en dégageait), inscrivant dans le même temps ce Blow Out, comme l'un des films les plus maitrisés de Brian De Palma.
Outre JohnTravolta, l 'on y retrouve la belle Nancy Allen (c'est Travolta qui insista pour que Mme De Palma soit sa partenaire à l'écran, après leur précédente collaboration concluante dans Carrie) qui incarne avec justesse une fille simplette mais sincère...
Travolta y tient d'ailleurs l'un de ses rôles les plus marquants et fait preuve d"une sensibilité à fleur de peau (son hyperventilation lors de la découverte du corps de Sally, puis évidemment sa réplique finale : "It's a good scream..." qu'il répètera sans fin le visage défait, tandis que retentira une dernière fois le cri de désespoir de la pauvre Sally, plaqué sur les images minables d'un film d'horreur...