De Palma s'inspire du Blow up d'Antonioni, sauf que son témoin d'un meurtre n'est plus un voyeur mais un "auditeur", un ingénieur du son qui décèle une note suspecte sur un enregistrement. Tourné dans sa période hitchkockienne, démarrée véritablement un an avant avec Pulsions, et qu'il poursuivra avec le très réussi Body Double, De Palma reprend ses principaux thèmes de prédilection : goût pour les gadgets techniques, jeu de voyeurisme, sublimation de la violence dans une forme romantique, utilisation du splitscreen, angoisse accentuée par la musique etc... le tout dans l'ombre d'Alfred Hitchcock, derrière laquelle il réalise de façon virtuose ce suspense troublant et millimétré dans lequel il se régale avec ses mouvements de caméra, ses gros plans et ses cadrages ingénieux, et où il titille une Amérique violente et avide de sensationnel. De Palma impose sa griffe, reconnaissable à l'époque entre toutes, en constante référence à Hitchcock dont il n'a jamais caché l'influence.
En même temps, il permet à John Travolta qui n'était surtout considéré que comme un danseur en 1981, de trouver un vrai rôle dramatique, où il se révèle d'ailleurs très bon face à Nancy Allen qui était à cette époque madame De Palma, et surtout à John Lightgow très crispant dans un genre de rôle sinistre qu'il affectionnait ; je rappelle que le réalisateur avait offert à Travolta ses vrais débuts cinématographiques puisque dans Carrie, il tenait un petit rôle de méchant. Un thriller brillant et troublant, parmi les meilleurs films de De Palma.