Adapté très librement d'une pièce de théâtre dite "symboliste" présentée à Moscou en 1908, tourné au Togo avec des non-acteurs africains, filmé en noir & blanc mais teinté entièrement de bleu avec un cadre très très large, Blue Bird possède de nombreux éléments pouvant le faire passer pour un métrage snobinard. Pourtant, tout ce dispositif étrange, qui annonce le futur tout aussi bizarre Lucifer, fonctionne à merveille, la balade des deux enfants à la recherche d'un oiseau envolé se regarde avec grande douceur.
Le côté allégorique, qu'on retrouve grossièrement dans le résumé du film, se dévoile subtilement. Chaque rencontre étrange paraît tout à fait normale - paradoxe enchanteur. Par exemple, assis à côté de la tombe de leur grand-père, les enfants disent l'entendre chanter. La scène suivante, un vieillard chante une drôle de chanson et une vieillarde le rabroue. Les enfants arrivent, discutent de choses et d'autres avec leurs grands-parents - conversation à la fois très pragmatique et poétique - puis ils s'en vont ailleurs. Ils croiseront des unborn children avec des chapeaux sur la tête, ils regarderont avec étonnement des camions, ils questionneront la vie et la mort.
Rêve et réalité se mélangent, peu importe.
Regardez la bande-annonce, elle montre bien comment ce cadre large et bleu permet un onirisme tout à fait particulier.
(Avis aux parisiens : le film passe le 17 mai au Forum des images.)