Deux ans après le sympathique Storm Boy, la même équipe rempile sous la direction d'un nouveau réalisateur, Henri Safran laisse la place à Carl Schultz, pour adapter un autre roman à succès de Colin Thiele, Blue Fin. Cette fois-ci, il s'agit de l'histoire d'un petit garçon qui part en mer avec son père pour aller pêcher le thon. Maladroit et pas très dégourdi, Snook multiplie les gaffes au grand désarroi de son père, persuadé que son fils est un bon à rien. Mais, lorsqu’un jour la tragédie frappe le petit bateau de pêche, Snook se retrouve seul, dernier espoir de ramener son père vivant au port...
Le petit garçon est à nouveau joué par Greg « Stormboy » Rowe dont les expressions et la bouille ont quitté les rivages de l’enfance pour s’aventurer vers ceux, toujours moins flatteurs, de l’adolescence. Pour le rôle du père, la production, ambitieuse, a cherché une star internationale et c’est Hardy Krüger qui a hérité du rôle. Il est plutôt sympathique dans un où l’on imagine très bien Jack Thompson, ce qui ne plaide pas vraiment en faveur de l’acteur allemand qui fournit une prestation peut être un peu moins colorée. Les membres de l’équipage restent un peu en retrait mais sont interprétés par une brochette d’acteurs charismatiques et populaires. Il y a l’inévitable John Jarratt, juvénil et enthousiaste, Hugh Keays Byrne (Mad Max 1, Fury Road, Stone…) et George Spartels (qu’on retrouvera dans le rôle du mécano dans Mad Max 3).
Alors bon, Blue Fin reste un film familial, très naïf et qui pêche par un scénario un peu bancal. Les problèmes à la fin du tournage et le remplacement de Schultz par Bruce Beresford pour quelques reshoots et un remontage ont peut-être pas aidé le film, difficile de se savoir, mais de toute façon, comme pour Storm Boy, le récit un peu balourd et pas très finaud de Thiele condamnait le projet à rester dans le carcan d’un cinéma très confortable, très premier degré et finalement un peu lourdingue. Le film apparaît comme une version enfantine de ces films australiens qui parlent des hommes au travail. Isolés, partageant leur intimité dans des lieux clôts, perdus dans des déserts hostiles. Par ce biais, Blue Fin et ses pêcheurs de thon rappelle Sunday too far away et ses shearers (tondeurs de moutons) ou The Last of the Knuckemen et ses mineurs d’opale. Les questions que véhiculent habituellement ces films semblent repoussées aux bords du récits, même si parfois quelques scènes arpentent rapidement les thèmes de « mateship », d’identité et le rapport au désert, quel qu’il soit… Alors bien sûr, le film, fort familial, est d’abord un spectacle assez surprenant où des centaines de thons sont joyeusement massacrés dans des mares de sang, pour la joie des plus grands et des petits, une absence de sentiment que l’on retrouve à la fin du film, lorsque l’enfant et le père rentrent finalement au port, satisfaits et heureux, semblant guère concernés par le sort fatal qui s’est abattu sur les 5 ou 6 membres de l’équipage.
Blue Fin reste donc un film un peu mineur, qui prend tout son intérêt lorsqu’on le replace au sein d’une décennie fascinante et qui mérite tout de même un coup d’œil pour la superbe photo de Burton et pour son casting sympa.
Il est visible comme bonus sur le Bluray de Storm Boy, dans une copie non restaurée mais fort agréable, au grain qui pique et aux contrastes rugueux.

MelvinZed
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le 25 sept. 2020

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