Rocco et ses galères

Blue Nude nous propose de suivre les pérégrinations de Rocco, immigré italien récemment arrivé à New York plein d'espoir et ne cachant ni son arrivisme, ni sa soif d'attention, notamment en ce qui concerne les femmes. Après des débuts pathétiques dans le milieu du porno et pas mal de galères, il faut se rendre à l'évidence : notre Bel-Ami éco+ ne parviendra pas à trouver sa place dans sa cité d'accueil.

La frustration née de l'inadéquation entre ses aspirations (ses idoles sont Scorsese, Stallone ou Valentino) et sa situation d'acteur porno de troisième zone font de Rocco un personnage assez tragique, auquel on s'attache malgré certains de ses actes franchement stupides, surement parce que le monde dans lequel il évolue semble être un piège infernal. Blue Nude offre une vision du rêve américain en déroute : entre galères, chantages et abus de pouvoir, aucune place n'est laissée au protagoniste rêveur qui est en incapacité de se mettre au niveau de l'Amérique individualiste et menteuse dans laquelle il évolue (en témoigne sa crise de jalousie en plein tournage ou sa tentative de vol vite avortée). Le tout est accompagnée d'une BO à la douce ambiance folk plutôt qualitative (comme souvent lorsque le nom de Piero Umiliani pointe le bout de son nez au générique)

Le sujet du film est donc plus profond que ce que l'on pourrait attendre de son affiche et de son titre, mais on ne va pas se mentir on se fait un peu chier, la réalisation n'étant ni assez intimiste ni assez transcendante pour insuffler un semblant d'intérêt aux situations trop quotidiennes qui composent la majeure partie du métrage.

Blue Nude est donc un film non dénué d'intérêt, qui va beaucoup plus loin que le simple film d'exploitation érotique qu'il semble être à première vue, mais manque d'une maitrise technique adapté à ses ambitions malgré un final glaçant et mémorable.