Point break
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Si je n’adhère pas toujours entièrement aux films de Kathryn Bigelow, force est d’admettre que son cinéma a toujours un petit truc qui vaut le détour, tant dans son style que sa narration. Qui plus est, sa position rare de femme officiant dans le thriller et l’action apporte invariablement une perspective fraîche sur des genres très codifiés. Blue Steel, comme Near Dark ou Zero Dark Thirty, place donc le beau sexe au centre du récit avec ce personnage de femme flic devant sans cesse se justifier dans une société qui lui refuse son rôle, campé par une Jamie Lee Curtis à contre-courant du beauf surnom qui lui a été affecté dans les années 80 : The Body. Une figure inhabituelle en 1990, qui engendre une dépiction de la violence originale.
Car entre violence et sexe, l’entrelacement est constant. Dès le générique introductif, le ton est donné. On pose un regard lubrique sur les courbes d’un flingue au derme suintant que l’on met dans des poses lascives et évocatrices. L’arme devient un corps, une entité charnelle, et il faudra bien la vider pour que notre héroïne s’autorise des ébats avec son partenaire. La violence devient une pulsion érotique, et le sanglant braquage qui précipite le récit réveille une libido meurtrière chez Hunt, l’antagoniste du film. Un personnage qui s'ennuie dans son job de vampire misanthrope à Wall Street et va trouver en cet événement une vocation, passant du vol par le grand capital au vol de la vie, cherchant à capter la sensualité du dernier regard de ses victimes pour assouvir son appétit vorace. Blue Steel est un thriller érotique où le dénudement est celui du meurtre et des armes. L’ambiance correspond au titre, elle est métallique: la musique bruyante vient racler les tympans, la colorimétrie bleutée renforce la froideur émotionnelle, tandis que New-York est filmée comme une cage qu’un bref survol en hélicoptère permet de mettre en évidence.
Tout ce travail symbolique est fort intéressant, mais à également pour effet de créer une certaine torpeur et d’ancrer définitivement le film dans son époque via une patine datée. Pis encore, la cohérence et la vraisemblance du scénario sont sacrifiées au profit de ce traitement métaphorique, Blue Steel enchaînant des rebondissements qui mettent à mal les limites de la tolérance du spectateur. Ces dommages collatéraux de la recherche stylistique sont préjudiciables au plaisir de la découverte, et peuvent aisément agacer autant qu’ils ennuient.
Alors on finit l'œuvre avec une impression mi-figue, mi-raisin, louant d’un côté une véritable atmosphère, un réel parti pris tonal, et regrettant de l’autre les maladresses dans l’exécution. Mais si la prestation de Ron Silver en Hunt laisse à désirer, on se réjouit tout de même de voir Jamie Lee dépasser son statut de scream queen bien gaulée (malgré la possibilité, judicieusement évoquée par Roger Ebert, de voir Blue Steel comme une version 90s de Halloween), Clancy Brown dans sa prime jeunesse, et Bigelow qui aiguise ses armes pour la suite de sa carrière, bien plus convaincante.
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il y a 7 heures
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