Bob l'éponge est un miracle du film d'animation. Après déjà plusieurs saisons diffusées régulièrement le matin pour décérébrer nos enfants, il passe gentiment le cap de l'adaptation ciné. Mais avec un humour aussi régressif (la naïveté de certains épisodes est si violente qu'au bout de deux, on peut déjà arriver à saturation), comment tenir le cap sur plus d'une heure de film. La réponse est simple, on ne change rien à l'humour, mais la thématique du film doit se recentrer sur l'attitude débile de nos personnages, et le revendiquer avec fierté.


Par ce salutaire retour à l'immaturité dans ce qu'elle a de plus naïf et d'enthousiaste, Bob l'éponge massacre littéralement ses concurrents en animation, que regarde chez Disney, Pixar ou encore chez la BBC section Nick Park. Pour passer le cap du long métrage, il ne s'est pas appuyé sur la technique (sa suite s'y est en revanche essayé avec un paris très risqué), et a préféré jouer tout sur la formule traditionnelle en faisant de Bob et Patrick des héros de l'immaturité, en consacrant son énergie à parodier ce qui fait l'étoffe des héros (le trip des moustaches), et par là même en rappelant aux adultes ce que ça faisait d'être un enfant. Par cet excellent équilibre créé entre l'humour régressif très axé sur le jeune public et ces caricatures du monde des adultes, le film a réussi à marier toutes les générations (peut être pas les seniors quand même) et à les rassembler dans son trip, conclu en apothéose par un happening rock'n roll à la gloire des glaces et des jouets, mettant un point d'honneur à célébrer le triomphe de nos personnages, et à bien montrer que même sans changement, l'enthousiasme et la candeur resteront intactes quoiqu'il advienne.


Avec une telle réussite, le film a donc pris un cliché assez convenu pour son scénario, qui sert évidemment de prétexte pour placer Bob et Patrick dans des situations toujours plus catastrophiques dont les issues redoublent d'absurdités. La formule marche d'autant mieux que nos personnages revendiquent leur maturité alors que la situation empire et que l'impossibilité de leur mission se révèle toujours plus grande. Nouveau personnage avec le roi Neptune et sa fille, petits faire-valoir servant à faire avancer le scénar sans piquer la vedette à nos chers protagonistes. Il est toutefois bon de relever que le film a très bien su conserver sa ligne directrice tout au long de son histoire, sans trop partir dans le hors sujet au cours de ses nombreux délires. Mais avec un tel esprit, il aurait pu qu'on aurait fermé les yeux. Bob l'éponge, le film est une parfaite synthèse de la série (plus dépouillé du côté critique de société que les épisodes), et qui exhausse l'énergie naïve de son matériau original. Sans bornes.

Voracinéphile
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 10 plaisirs coupables et Les films qui sont des plaisirs coupables

Créée

le 26 mai 2015

Critique lue 715 fois

13 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 715 fois

13

D'autres avis sur Bob l'Éponge, le film

Bob l'Éponge, le film
Gand-Alf
6

Sous l'océan.

Quand tu décide sur un coup de tête de te poser devant The SpongeBob SquarePants Movie, il convient de faire deux choses au préalable. La première est de ne pas le crier sur les toits, de ne pas...

le 4 févr. 2016

22 j'aime

2

Bob l'Éponge, le film
Babe
10

Chuis un glouton barjo!

Je connaissais vaguement Bob l'éponge, tombant de temps en temps sur le dessin animé mais je l'ai découvert avec le film. Pensant passer un petit moment sympa je me suis surprise à rire de bout en...

Par

le 16 nov. 2010

16 j'aime

Bob l'Éponge, le film
Voracinéphile
8

Bob ne vieillira pas.

Bob l'éponge est un miracle du film d'animation. Après déjà plusieurs saisons diffusées régulièrement le matin pour décérébrer nos enfants, il passe gentiment le cap de l'adaptation ciné. Mais avec...

le 26 mai 2015

13 j'aime

Du même critique

Alien: Romulus
Voracinéphile
5

Le film qui a oublié d'être un film

On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...

le 14 août 2024

172 j'aime

48

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

102 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36