Une toute petite tranche de sa vie...

En étant clair et très factuel, le film est visuellement abouti et plutôt agréable à regarder, sans fioritures et avec des plans pertinents servant à la bonne compréhension et construction purement imagée du film.

Les émotions sont partiellement au rendez-vous, mais aurait pu être bien plus présentes et exacerbées si ce biopic n'était pas qu'un simple divertissement plaisant à regarder mais qui ne nous transcende pas comme a pu nous transcender, dans la vraie vie, Bob Marley.

Si le choix des chansons est pertinent et justifié car on comprend sans mal pourquoi il les a écrites, en quoi cela a pu l'aider à se construire, évoluer puis s'imposer comme un symbole de paix, son histoire, à proprement parler, n'est pas assez développée.

Peut-être que la décision scénaristique d'avoir voulu intégrer flashbacks et images d'archives ne sert pas ce développement, mais je peux le comprendre, même si c'est un peu facile.

Par extension, je pense que l'incompréhension effarante est ailleurs et bien plus intrinsèque.

En effet, si je devais poser un problème majeur à ce biopic aussi inattendu qu'ambitieux, je me demanderai :

Comment peut-on retranscrire la carrière d'un artiste aussi engagé, reconnu comme étant révolutionnairement iconique en ne se basant que sur les 2 années critiques de son pays et la découverte de sa maladie ?

Le contexte social de la guerre civile en Jamaïque est quelque peu caricaturé et ne reflète pas assez l'impact que cela a pu avoir sur le peuple et sur lui-même.

Ses nombreuses remises en question sur sa foi, son envie de vouloir continuer, ses collaborations, son engagement politique souvent polémique et même son amour pour Rita, qui est finalement la seule à l'avoir soutenue des années durant malgré ses tromperies, ne sont malheureusement qu'abordés en surface, ce qui dessert à la construction complète du personnage. De plus, la maladie qu'il a dû endurer n'est traitée, somme toute, que superficiellement.

Finalement, en grossissant les traits, quoique légèrement, la réalisation voulue comme un hommage au Roi du Reggae va de paire avec la performance de sa réincarnation artistique, peu crédible, beaucoup trop " à la cool", sans pousser et dans un pacifisme surjoué donnant lieu à un triste non hommage.

Je comprends que Mr Green n'aie pas voulu entraver la mémoire de Marley, mais, s'il s'était pleinement documenté, il aurait pu voir que la plupart des biopics, actuels du moins, n'ont pas qu'une visée divertissante, mais bien au contraire documentarisée et que, de facto, il faille aborder tous les sujets, même les plus sombres (cf drogue dans" Rocketman" ou " Bohemian Rhapsody").

Résultat : à mon goût, tout est bien trop lisse, on l'observe jusqu'aux Dreadlocks de Bob, trop bien coiffées retranscrivant un personnage globalement trop propre sur lui.

Pourtant, il y avait matière à rendre ce film très émouvant et attachant et on a pu le voir dans certaines séquences, mais j'aurais aimé entendre plus de reniflements dans la salle, signe de transmission d'émotions.

Malheureusement, l'impact sur les spectateurs est faible, sûrement car cela reste une simple tranche de vie et non un hommage complet qui aurait pu s'aligner dans la liste d'autres beaux biopics maîtrisés que le cinéma a pu nous proposer.