Attention Grand Film !
C'est film est au cinéma ce que Le Sud de Nino Ferrer est à la chanson.
Vous allez assister à une œuvre sociale ambitieuse. Ici on détruit les certitudes et les tabous dans une bonne humeur qui fait plaisir. Ici on se joue de la culpabilité et des conventions sans scrupule. Il n'est pas question de choquer, ni de donner une orientation, ni de créer une école. Nous sommes dans l'assumé, le réfléchi, l'estimé. Le rythme est juste, le texte court et réduit à l'essentiel. Le jeu des acteurs est déconcertant et original, on pourrait le croire pudique. Mais de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un essai sur la condition ouvrière et plus précisément de la place du lien humain dans l'appareil productiviste.
Rien n'est laissé au hasard, le personnage principal est un livreur, lié aux deux extrémités du parcours du produit car il le livre et le consomme quotidiennement. Ce produit est le vin, l'assommoir de la classe laborieuse, la distraction des résignés. Mais le personnage principal est également l'objet de consommation des dominants puisqu'il est consommé ou convoité comme une marchandise qui séduit le chaland.
Je pourrai continuer sur chaque aspect du film à expliquer les justifications flagrantes que l'auteur entretien du début à la fin de la narration mais ce ne serait pas juste et surtout personne ne me le demande. Ce qu'il faut retenir c'est que ce film est construit de bout en bout, qu'il est magistralement intelligent et astucieux et qu'il doit dès à présent figurer parmi les œuvres marquantes du 20e siècle.