Chanter à pleines dents.

Je le confesse ; j'adore Queen et Bohemian Rhapsody est une chanson fantastique que je réécoute régulièrement. Mais j'avais pas mal de craintes sur le film, qui va de la création du groupe, en 1970, jusqu'au concert Live Aid en 1985, notamment sur Freddie Mercury.

Contre toute attente, j'ai été très agréablement surpris par Rami Malek, qui a su composer au fond un Mercury d'une grande fragilité sous ses aspects fantasques, comme le fait de téléphoner à ses chats à l'heure du coucher, ou ses habits excentriques. C'est aussi quelqu'un, et on le voit dans le film, qui a été pourri par son entourage, et dont il va finir par s'en séparer à la fin, pour devenir enfin droit dans ses bottes, après avoir failli faire imploser le groupe du fait de ses envies de chanteur solo.
Il y a aussi la question de la véracité qui a fait polémique, notamment sur sa bisexualité, ou des évènements qui ont été placés plus tôt que prévu, comme l'annonce de sa maladie faite aux autres membres de Queen avant le concert, alors que dans les faits, c'est après. On voit bien dans le film que Mercury aime à la fois une femme, celle qu'il a épousée, puis les hommes, sans que ça ne vire à des orgies.

A mon avis, un film n'a pas à singer la réalité, auquel cas je consulte la page Wiki du groupe, et j'en sais plus. Non, il y a la mise en scène, les péripéties, le scénario, tout un ensemble de choses qui caractérisent le cinéma. Lawrence d'Arabie et Amadeus sont bien des chefs d'oeuvre, mais on ne peut ne pas dire qu'ils soient très juste historiquement parlant...
Il y a plus le risque hagiographique, avec l'implication de Bryan May et Roger Taylor comme producteurs, qui apparaissent comme totalement effacés dans le film, ou alors sont-ils montrés comme très sages, qui me poserait problème, sans compter les fameuses prothèses dentaires arborées par Rami Malek qui se voient quand même pas mal.

Il y a aussi la surprise de voir Mike Myers grimé en tant que premier manager du groupe, qui n'a pas existé dans la réalité, et qui est là plus comme un clin d’œil à Wayne's World qu'il avait joué 25 ans plus tôt où sa phrase mentionnant Bohemian Rhapsody avait fait exploser les ventes du disque à cette époque.
Enfin, Queen, c'est avant tout les chansons, et on voit bien la façon dont elles ont été faites, souvent de manière expérimentale, à faire pousser les chanteurs dans les aigus, à jeter des pièces sur les batteries pour produire un son spécifique ; on entend ainsi We will rock you, Love of my life, Another one bites the dust, Don't stope me now, Radio gaga, et bien entendu We are the champions mais j'y reviendrais.

Le clou du film étant le concert Live aid en 1985, où la prestation de 20 minutes de Queen a été reproduite à l'identique ; je connaissais les images, et le parallèle est parfois saisissant sur la gestuelle du groupe, Freddie Mercury qui s'amuse avec le cameraman, et bien entendu les quatre chansons en medley dont We are the champions, qui est une chanson tellement extraordinaire que je me suis surpris à lever moi aussi les bras en même temps que le public !
Bien entendu, tout n'est pas parfait, on peut regretter ce qu'aurait pu donner Sacha Baron Cohen tel qu'il était prévu à l'origine (d'ailleurs, avec ses lunettes de soleil et sa moustache, Rami Malek rappelle Borat !), le côté chronologique de l'histoire, et bien entendu des personnages un peu plus présents que Freddie Mercury qui vampirise l'écran, mais ça reste une très bonne surprise.

J'avais dix ans à la disparition de Mercury, et à ce moment-là, j'étais plus dans l'écoute d'autres groupes comme Guns n' Roses ou Rage against the machine, mais j'ai été emporté et ça me donnera toujours envie d'écouter encore et encore Queen.